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L’influence que les Japonais ont su prendre dans l’Empire du Milieu profite tout d’abord à leur commerce : il n’a pas cessé de suivre une marche ascendante tant par suite de l’augmentation générale des affaires que de la concurrence acharnée qu’il fait aux articles européens. Voici d’abord quelques chiffres généraux indiquant la croissance rapide du trafic japonais :
Années | Importations du Japon en Chine. Haikouan taëls (cours moyen de 3 fr. 50). | Exportations de Chine au Japon | Ensemble |
---|---|---|---|
1895 | 17 195 038 | 14 821 642 | 32 016 680 |
1896 | 17 390 123 | 11 378 854 | 28 768 977 |
1897 | 22 564 284 | 16 626 738 | 39 191 022 |
1898 | 27 376 063 | 16 092 778 | 43 408 841 |
1899 | 35 896 745 | 17 251 144 | 53 147 889 |
1900 | 25 752 694 | 16 938 053 | 42 690 747 |
1901 | 32 567 656 | 16 875 725 | 49 443 381 |
1902 | 35 342 283 | 28 728 294 | 64 070 577 |
1903 | 50 298 343 | 30 433 435 | 80 731 778 |
Ces chiffres accusent une augmentation de 250 pour 100. Pendant le même temps, le commerce de la Grande-Bretagne et de ses colonies réunies, avec la Chine, passait seulement de 215426 000 taëls à 331053000, soit une augmentation de 95 pour 100[1].
- ↑ Il convient de rappeler que les chiffres donnés par le service des douanes impériales chinoises, dirigé par sir Robert Hart, favorisent singulièrement la Grande-Bretagne ; les marchandises sont comptées d’après les pavillons sous lesquels elles sont introduites ; de cette façon une grande quantité de marchandises européennes, amenées à Hong-kong et réexportées de là dans les différentes provinces de la Chine, figurent dans les statistiques comme marchandises anglaises. Cette fiction statistique est avantageuse à l’Angleterre qui a obtenu la promesse que l’inspecteur général des douanes serait toujours anglais, tant que le commerce anglais resterait le premier. La statistique des douanes n’indique pas de chiffre particulier pour la France et l’Allemagne ; leurs marchandises figurent sous la rubrique « Europe occidentale excepté la Russie ; » or le commerce allemand s’est certainement beaucoup accru en ces dernières années aux dépens du commerce anglais. Le Bulletin du Comité de l’Asie française de janvier 1905 a calculé que le commerce général de la France (y compris l’Indo-Chine) avec la Chine a été en 1903 de 416 millions de francs, et le commerce spécial (c’est-à-dire de produits exclusivement français ou indo-chinois ou destinés à la consommation de la France ou de l’Indo-Chine) de 370 845 000 francs ; dans les bonnes années de riz il faudrait ajouter à ce chiffre 30 millions au moins. Nous tenons donc, haut la main, le second rang dans le commerce extérieur de la Chine, à 300 millions de francs seulement derrière la Grande-Bretagne pour le commerce spécial. Nous sommes les meilleurs cliens de la Chine : nous lui achetons pour 250 millions de soies par an en moyenne ; au total nous lui achetons (y compris l’Indo-Chine) pour 290 millions de francs par an, tandis que l’Empire britannique ne dépasse pas 251 millions. La Chine nous achète en moyenne pour 60 millions de francs de riz d’Indo-Chine. Ces chiffres vaudraient bien d’être relatés à part dans les statistiques des douanes qui notent scrupuleusement les 171 000 francs d’échanges entre la Chine et l’Afrique australe !