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13,33 pour 100, la navigation allemande de 440 pour 100, et la nôtre de 278 pour 100. Les compagnies japonaises font le commerce de grande navigation dans toutes les mers d’Extrême-Orient et jusqu’en Europe et en Amérique ; mais la sollicitude du gouvernement s’est étendue surtout aux lignes de cabotage et de navigation fluviale ; de fortes subventions sont accordées chaque année à une société, dont l’Etat est, en outre, le plus gros actionnaire, qui fait concurrence, sur le Yang-tsé, aux lignes anglaises, comme la puissante compagnie Jardine, Matheson et C°, et aux lignes allemandes. Le cabotage anglais et allemand, qui était le maître des frets il y a quelques années, subit maintenant le dangereux assaut des compagnies japonaises : la Douglas Steam Navigation C°, qui faisait autrefois tout le trafic entre Hong-kong, la côte chinoise et Formose, s’est vu supplanter par la Osaka Shosen Kaisha ; ses actions émises à 50 dollars, lorsque le dollar valait 5 francs, sont tombées à 30 l’année dernière en bourse de Hong-kong, le dollar ne valant que 2 fr. 40. La China Manila Steam Ship C°, qui jadis possédait presque le monopole du service entre Hong-kong et Manille, a vu ses actions tomber de 50 dollars à 5 francs à 18 dollars à 2 fr. 40. Les actions de l’Indo-China Steam Navigation C°, branche de la société Jardine, Matheson et C°, émises à 10 livres, ne sont plus cotées que 71 dollars à 2 fr. 40. N’est-il pas piquant de constater que les premières victimes de l’essor de la navigation des Japonais sont précisément leurs bons alliés d’Angleterre ?

L’industrie japonaise en Chine est encore peu développée ; le bon marché de la main-d’œuvre, au Japon même, la proximité relative de ses côtes, la nature de sa production, n’incitaient pas à créer des usines sur le territoire chinois : à Tchoung-king, au Se-tchouen, les Japonais ont obtenu le droit d’établir une fabrique d’allumettes. Dans le Hou-pe, Tchang-Tche-Tong leur a permis, moyennant un prêt de 300 000 taëls, de venir chercher les minerais de fer de Ta-ye-hien et de les transporter près de Môji, à l’entrée de la Mer Intérieure, où ils alimentent d’importans hauts fourneaux. De l’industrie japonaise dans l’Empire du Milieu, on peut dire qu’elle est en croissance, mais que son rôle n’est pas encore prépondérant ; le Japonais est surtout commerçant ; habillé à la chinoise, portant au besoin la tresse, il pénètre partout et se met en rapport direct avec les cliens ; on ne trouve pas en Chine de grande filature japonaise, mais