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prendre pour remplir son devoir envers la patrie. En déclarant la dissolution de l’Union entre les Royaumes-Unis, le Storthing n’a pas eu l’intention de briser les liens d'amitié des deux peuples. Ce qui est arrivé et qui devait inévitablement arriver en Norvège n’est que la revendication nécessaire des droits constitutionnels de la Norvège. Le peuple norvégien n’a jamais voulu blesser l’honneur de la Suède. »

C’est un ménage où l’on s’estime mutuellement, mais où faute d’avoir les mêmes goûts, les mêmes intérêts, les mêmes qualités et les mêmes défauts, ou peut-être parce qu’on a les mêmes, la vie commune est insupportable. Divorçons, séparons-nous, afin de demeurer amis : avec quelle insistance, où elle met tout ce qu’il lui fut donné de tendresse et de caresse, la Norvège chante ce couplet à la Suède !

« Le Storthing a déjà antérieurement exprimé l’idée que le peuple norvégien ne ressent ni amertune ni malveillance contre Votre Majesté et le peuple suédois. Des opinions d’une tendance opposée, qui, à de certaines occasions, auraient pu se manifester, ont, dans ce cas, été dues au mécontentement redevable à la situation de la Norvège dans l’Union. Ces motifs d’amertume et de malveillance cessant par suite de la dissolution de l’Union, leurs effets disparaîtront également.

« Une collaboration ayant duré quatre-vingt-dix ans sur le terrain des intérêts matériels et intellectuels a développé chez le peuple norvégien des sentimens d’amitié sincère et de sympathie pour le peuple suédois. La Norvège ne se trouvant plus dans une situation humiliante pour son indépendance, ces sentimens prendront un nouveau développement, affermiront et accroîtront l’entente réciproque entre les deux peuples.

« De son côté, le Storthing est disposé à satisfaire à tout désir juste et raisonnable qui pourrait, à ce propos, être exprimé en vue d’assurer l’indépendance et l’intégrité des royaumes.

« Au point de vue le droit public, les deux peuples seront, à l’avenir, séparés ; mais le Storthing nourrit la pleine assurance que, sous ce régime, il se développera de bonnes et confiantes relations pour la sauvegarde d’intérêts communs.

« La liquidation imminente peut avoir lieu sans préjugés et sans amertume.

« Le Storthing a la conviction que ce qui s’est accompli sera pour le bonheur des peuples du Nord.