Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/870

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

miers mois de 1905 ? Comment, encore une fois, la rupture accomplie le 7 juin a-t-elle pu lui causer « une douloureuse surprise ? » Elle était prévenue ; elle l’était officiellement. M. Hagerup le lui avait déclaré, sans détour, en plein Storthing, dès le 8 février : « La situation est très sérieuse ; l’état unionnel actuel est insoutenable. Maintenant plus que jamais, notre tâche doit donc être de faire établir entièrement les conditions indispensables à la Norvège pour occuper, au point de vue du droit d’État et du droit international, la situation qui lui revient à titre de royaume souverain, et que les Norvégiens ont toujours été unanimes à revendiquer. » La question du service consulaire s’efface, la véritable question se dégage ; et elle est tout autre, et elle est plus haute : il s’agit, au fond, de l’indépendance du royaume de Norvège, de son indépendance, gage et signe de sa souveraineté : « Nous autres Norvégiens, appuie le successeur de M. Hagerup, M. Michelsen, à la séance du Storthing du 15 mars 1905, nous avons certes le droit, que nous accordent l’histoire et la constitution, de vivre notre propre vie nationale, comme nation libre, et nous sommes absolument convaincus que la volonté une et inflexible de notre peuple de faire tous les sacrifices nécessaires à la réalisation de ce droit conformément à la loi fondamentale de la Norvège nous mènera au but. » À ces mots, tous les députés se lèvent, un souffle passe, le président prend la parole ; c’est un serment du Jeu de Paume : « Je crois pouvoir exprimer, au nom de l’Assemblée, l’espoir certain d’une bonne collaboration pleine de confiance entre le gouvernement et le Storthing ; j’exprime aussi la conviction que le Storthing accordera au gouvernement son ferme appui pour la solution de la tâche grande et difficile qui leur incombe à tous deux. »

On s’expliquerait mal que la Suède eût été réellement « surprise, » alors que, le 5 avril, le prince-régent en personne avait proposé la motion suivante :

« J’engage par les présentes les conseils des ministres des Royaumes-Unis, sans maintenir étroitement les points de vue auxquels ils se sont arrêtés antérieurement, à entamer immédiatement, des deux côtés, des négociations libres et amicales, concernant une nouvelle réglementation de toutes les questions unionnelles, et en se fondant sur ce principe essentiel que l’on doit chercher à établir une égalité complète entre les deux pays.