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pouvoir, y suivra, en ce qui concerne les rapports avec la France, les mêmes principes que le parti conservateur, et le roi ne manquerait pas d’y veiller au besoin : mais il n’en sera pas besoin. Il y a une opinion en Angleterre et, en ce moment, elle est à cet égard unanime. Nous avons dit que le discours d’Édouard VII a été parfait pour nous : il a été amical et discret. Parlant du rapprochement des deux pays : « J’ai la conviction, a dit le roi, que le principal avantage qu’entraînera cette amitié sera le maintien de la paix entre nous. » C’est parce que tout le monde en France partage cette confiance que l’entente cordiale y est populaire. Si un jour ou l’autre, — et puisse ce jour n’arriver jamais ! — un conflit éclatait entre l’Angleterre et une autre puissance, nous entendons conserver intactes nos amitiés et notre liberté : on ne pourrait d’ailleurs porter atteinte à la seconde sans affermir encore les premières. Nous n’avons eu, dans ces derniers temps, qu’à nous louer de nos rapports avec l’Angleterre. Son attitude envers la France a été ce qu’elle devait être. L’Angleterre a tenu ses engagemens au Maroc : elle y a conformé sa politique à la nôtre, en tenant plus de compte peut-être de nos intérêts que des siens, et partout ailleurs elle n’a rien fait qui pût, de la part de qui que ce soit, légitimer la moindre méfiance ou la moindre inquiétude. Nous ne pouvions rien lui demander de plus, et c’est pour cela que nous sommes allés à Portsmouth en toute cordialité.

Quelques personnes, avons-nous dit, ont montré quelque émotion au sujet du voyage de la flotte anglaise dans la mer Baltique et des exercices qu’elle doit y faire. C’est naturellement en Allemagne que ces sentimens se sont manifestés ; mais hâtons-nous de dire qu’ils ont été désavoués par le gouvernement. Celui-ci a clos par une note officieuse la polémique des journaux qui proposaient tout simplement de fermer la mer Baltique aux flottes étrangères pour la réserver à celles des puissances riveraines. Une telle prétention y était qualifiée comme il convenait, et la note ajoutait que, le gouvernement anglais ayant avisé officiellement les puissances intéressées de son intention d’envoyer son escadre du Nord dans la Baltique, cette flotte serait reçue dans les ports allemands où elle se présenterait conformément à toutes les règles de l’hospitalité maritime. Cette conclusion est la meilleure possible. Il n’en est pas moins vrai que l’idée de faire de la Baltique une mer fermée, mare clausum, a été discutée pendant quelques jours dans la presse avec beaucoup de vivacité, comme si on voulait y habituer les esprits. Elle est absurde sans doute, et le journal qui l’a lancée le premier, le Reichsbote, manque