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lien de communication avec la Chaire apostolique. Voilà où nous en sommes, et nous n’en resterons pas là. Une partie de, la magistrature, soutenue de tout le parti libéral, d’un grand nombre de députés et de pairs, et même, au fond, de plusieurs ministres, veut à toute force une Eglise nationale, semblable à l’Eglise anglicane. Qu’avons-nous à opposer à cette vaste conjuration ? Une masse inerte, et quelques hommes dévoués, mais à demi proscrits. Au moins ceux-ci mourront, s’il le faut, et ne regretteront pas de mourir.

Je désire vivement vous voir et causer avec vous. Mon frère viendra au mois de février ; tâchez d’être ici à la même époque. Il est important de s’entendre ; et n’est-ce pas d’ailleurs une consolation de se confier ses douleurs ?… Donnez-moi de vos nouvelles, et croyez que personne ne vous est plus tendrement dévoué que votre ami

F. M.


1827


Paris, 18 février 1827.

Bien que ce ne soit pas encore votre écriture, mon cher et respectable ami, c’est du moins votre parole, et ma joie est égale à l’impatience avec laquelle j’attendais ce signe de convalescence. De grâce, ménagez avec grand soin vos forces naissantes ; conservez-vous pour l’Eglise à qui vous devez de nouveaux et importans services. Les jours d’épreuve approchent rapidement. Prions et veillons. Les soldats de Jésus-Christ auront bientôt de durs combats à soutenir ; tout se prépare en Europe pour une persécution violente : mais la Religion sortira plus brillante et plus forte des ruines sous lesquelles l’impiété tentera encore une fois de l’ensevelir. Les méchans sont aveugles, ils ne savent ce qu’ils font, et déjà je vois la croix debout et triomphante de l’autre côté du fleuve de sang qu’il faudra que l’Eglise traverse, car c’est là sa destinée.

Je n’ai pu causer que quelques instans avec notre ancien hôte, et j’ai été on ne peut plus content de ce court entretien. C’est le même cœur, la même piété, le même zèle, la même droiture d’esprit. Je fonde sur lui de grandes espérances ; au moins sera-t-on instruit, et c’est beaucoup. Il faut d’abord lui