Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puristes ; » d’exacts et curieux renseignemens sur leurs rapports avec l’Académie française, dont plusieurs d’entre eux ont fait partie ; la détermination, si je puis ainsi dire, de la « liste des classiques français ; » de précieuses indications sur la manière dont le XVIIIe siècle les a lus et commentés, ou commentés pour les mieux lire ; et enfin rémunération, avec la discussion, des moyens qui ont procuré, par la modification de la syntaxe, la seule « transformation » que la langue ait subie au XVIIIe siècle. Ce sont ces moyens qu’il est intéressant d’examiner.


IV

On se rappelle la définition que Vaugelas avait donnée de l’usage, en le réduisant « à la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps. » Sur quoi trois questions s’élevaient : « — 1° Qu’est-ce que la plus saine partie de la Cour ? — 2° Qu’est-ce que la plus saine partie des auteurs du temps ? — 3° Quels rapports doit-on établir entre la façon de parler de la Cour, et la façon d’écrire des auteurs ? » Vaugelas, — comme d’ailleurs avant lui Malherbe, et comme après eux la plupart de nos bons écrivains, jusqu’à La Bruyère, — avaient répondu à la dernière de ces trois questions, qui est logiquement la première, eu subordonnant la langue écrite, et, ce sont les termes de M. François, « en la plaçant dans la dépendance absolue de la langue parlée. » Ils donnaient pour motif de cette décision qu’étant la première en date, la parole est aussi la première en dignité, puisque enfin elle est toujours « le modèle » que l’écriture se propose d’imiter. Les mots eux-mêmes l’indiquent : on n’écrit que pour se faire « entendre ; » c’est-à-dire pour atteindre, au moyen de l’écriture, un public plus étendu ; pour lui mettre sous les yeux ce que l’éloignement, dans l’espace ou dans le temps, nous empêche de confier à son oreille. Et si peut-être on pourrait rapporter à l’observation de ce principe la tendance ou le caractère oratoire de la prose française au XVIIe siècle, c’est ce que je n’examine point aujourd’hui. Je me borne à rappeler qu’il y a une prose française du XVIIIe siècle qui n’est pas du tout oratoire, et on la trouvera dans les Maximes de La Rochefoucauld ou dans les Lettres de Mme de Sévigné. Mais ce qui est bien certain, c’est que la maxime de Vaugelas a, pour ainsi dire, prolongé, jusque dans