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ou moins récent, subsistent ; et les cinq ou six espèces que nous avons dû choisir outre plus de quatre-vingts rentrant dans la même définition, et plus ou moins voisines sans être pourtant identiques ni analogues, à elles seules ne sont pas non plus toute la grande industrie concentrée. Nous n’avons fait en quelque sorte que tracer le cadre ; peut-être eût-il fallu y mettre, auprès de l’ouvrier des industries du bâtiment et du vêtement, ceux de l’alimentation et de la locomotion, afin de saisir et de tenir plus de l’homme, plus de la vie, plus de la société. Le cadre du moins est tracé : le remplir n’est qu’une affaire de temps. Les quatre-vingts espèces de la grande industrie concentrée peuvent l’une après l’autre y trouver leur place, et même la moyenne et la petite industrie (pourvu que le travail s’y fasse dans un atelier commun, autour d’un moteur mécanique).

Pour chacune d’elles, et pour chacune des catégories ou spécialités d’ouvriers qu’elles emploient, il y aurait à examiner, ainsi que nous l’avons fait, la durée, la peine, le prix et les conditions du travail.

Là-dessus, de la masse des observations que nous avons relevées et consignées, émergent quelques points saillans : le principal est que, contrairement à l’opinion généralement admise, le temps de travail est plutôt moins long, la peine du travail est plutôt moins dure, le prix du travail est plutôt meilleur dans la grande industrie que dans la moyenne, dans la moyenne que dans la petite, et dans les plus grands établissemens de la grande industrie que dans les moyens ou dans les plus petits. Le temps de travail, réglé par la loi pour les ateliers mixtes, où sont occupés à la fois des hommes, des enfans et des femmes, a constamment diminué et tend à diminuer encore, pour tous les ouvriers, hommes ou femmes, adultes ou mineurs, soit par suite de nouvelles prescriptions légales, soit en vertu de nouveaux usages industriels, que rendent possibles ou plus faciles les progrès de la mécanique, et dans la mesure, différente pour chaque industrie, différente même pour chaque usine, où ces progrès les rendent possibles sans nuire à la production. Quant à la peine du travail, nous avons vu qu’elle était la plus dure là où l’ouvrier est obligé à un mouvement rapide et continu, dans une haute température, ou dans une salle humide, ou parmi les poussières ; et qu’à bien dire, elle n’était aujourd’hui très dure que là, l’homme étant maintenant, grâce à la machine, dans