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Et que, las du soleil et fermant la paupière,
Je revoyais déjà sur le ciel d’Orient
Ta montagne au beau nom debout dans la lumière,
Ton Olympe à la fois neigeux et verdoyant ;

Et, s’étageant au gré de la pente fertile,
Dont la terre arrosée est propice aux jardins,
Tes maisons à toit plat que recouvre la tuile
Et tes enclos carrés qu’embaument les jasmins

C’est leur âme odorante et celle de la rose
Que tes marchands subtils enferment avec art
Dans le cristal aigu de la fiole close
Qu’ils vendent, accroupis aux nattes du bazar ;

Et tes Fils patiens, ô Ville industrieuse,
S’ils savent prendre aux fleurs leurs parfums passagers
Connaissent le secret, sur la trame soyeuse,
D’en tisser longuement les fantômes légers ;

Et c’est pourquoi mon cœur en ce jour t’a choisie
Pour vivre en ma mémoire et t’ajouter aux lieux
Dont les chers souvenirs sont, au fond de ma vie,
Le regret, le désir et l’amour de mes yeux.


STROPHES


J’ai tant regardé ce visage
Délicat et délicieux,
Que je connais le paysage
De votre bouche et de vos yeux ;

Je sais l’attitude diverse
De votre corps couvert ou nu
Quand il s’accoude ou se renverse
Aux coussins qui l’ont soutenu ;