Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/635

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous n’avons pas de renseignemens sur les revenus publics sous le régime colonial ; mais au premier budget de l’indépendance, et en 1821-1822, ils atteignaient 9 millions de piastres, ou 50 millions de francs. Malheureusement les cinquante premières années où le Mexique fut libre ne furent qu’une longue guerre civile, compliquée de guerre étrangère avec les Etats-Unis en 1847 et 1848, puis avec la France de 1863 à 1867. Aussi la population ne s’accrut-elle que lentement : en 1879, elle n’était encore que de 9 908 000 âmes, moitié plus que soixante-neuf ans plus tôt ; en 1874, le commerce n’était que de 45 millions de piastres, moins qu’en 1802. De 1867 à 1876, le budget des recettes ne s’élevait qu’à 16 millions de piastres en moyenne ; encore les impôts pesaient-ils lourdement sur la population appauvrie. Le pays n’avait alors aucun chemin de fer, aucune bonne route, aucun port sûr et aménagé. Il inspirait aux étrangers une méfiance justifiée par des banqueroutes successives et telle qu’en 1888 encore, il était obligé d’emprunter au taux de 8 pour 100. L’avenir du Mexique semblait bien incertain et des prophètes de mauvais augure ne voyaient d’autre moyen d’assurer le repos de ses habitans et le développement de ses richesses que l’établissement d’un protectorat américain.

Il n’a point été besoin de recourir à ce remède héroïque. Le Mexique s’est relevé de lui-même par le simple effet de l’ordre qui a régné depuis l’accession au pouvoir du général Porfirio Diaz. Sa population a augmenté de plus d’un tiers en vingt-six ans. Son commerce extérieur, en ramenant la piastre à la valeur qu’elle possédait avant la baisse de l’argent, qui l’a réduite à 2 fr. 50 environ au lieu de 5 fr. 40, est de 180 millions de piastres : il a quadruplé en trente ans. Les recettes du Trésor, en faisant la même correction, sont de 40 millions de piastres ; elles ont beaucoup plus que doublé dans le même intervalle. Enfin, s’il est vrai, comme le disait Thiers, que « dans ces vastes marchés de fonds publics qui ont été sous le nom de Bourses établis dans toute l’Europe, chaque jour la sagesse, la prudence, l’habileté des gouvernemens sont mis aux enchères et, selon le prix qu’en offrent de fins observateurs, la confiance monte ou s’abaisse, les affaires marchent ou s’arrêtent, le bien-être public s’étend ou s’évanouit, » le monde a bonne opinion du Mexique et de son avenir ; son dernier emprunt 4 pour 100 a été émis à 90, soit au taux de 4 1/2 pour 100 et les cours s’en sont encore