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Les progrès de l’exploitation des mines sont dus en grande partie à la sagesse des lois qui la régissent. Depuis la réforme minière de 1885, complétée par les lois de 1887 et de 1892, les impôts sur les mines, leurs produits, les articles nécessaires aux traitemens des minerais sont très légers, la propriété minière est très bien assurée ; on a supprimé dans les concessions la clause qui frappe en certains cas les concessionnaires de déchéance, et qui ne sert qu’à écarter les demandeurs sérieux ; on a favorisé les grandes concessions, qui seules permettent une exploitation économique, en accordant des franchises spéciales, des exonérations de droits de douane et autres aux personnes engageant plus de 200 000 piastres dans une entreprise minière. Le gouvernement a compris en un mot que le grand profit que l’Etat et le pays tout entier pourraient retirer de l’exploitation des mines n’était pas le profit direct, sous forme d’impôts payés par les exploitans, mais le profit indirect, l’accroissement général de richesses qui résulte de l’introduction dans le pays d’abondans capitaux et du paiement de salaires, relativement élevés, à de nombreux ouvriers.

Si l’industrie minière est très prospère, les autres sont beaucoup moins développées, et il n’y a pas lieu d’en être surpris. Le Mexique n’a pas encore la maturité nécessaire pour être un grand pays manufacturier. Las seules industries qui y soient assez largement représentées sont celles qui font subir aux produits de l’agriculture des manipulations simples, et même celles-ci restent, pour la plupart, à l’état de petites industries : c’est ainsi que, sur 1 124 sucreries, les neuf dixièmes produisent moins de cinquante tonnes de sucre par an et que les plus grandes ne traitent que 500 tonnes de cannes par jour, alors qu’à Cuba on arrive à 1 000 et même à 2 000. De même les distilleries de maguey sont éparpillées sur toutes les haciendas et il en faut 2 000 pour produire 348 000 hectolitres d’alcool ; de même encore il y a 710 manufactures de tabac qui ne produisent en tout que 6 millions de kilogrammes de cigarettes, 400 000 de cigares fins et 283 000 de cigares communs. Il existe enfin un grand nombre de petits moulins et quelques minoteries importantes.

L’industrie textile était encore naguère dans l’enfance ; mais elle commence à se constituer sur un pied moderne, en particulier pour la filature et le tissage du coton, et aussi du henequen ; quelques fabriques de lainages et soieries font également leur