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conférence sur La séparation de l’Eglise et de l’État ; et c’est encore de quoi nous nous plaignons, avec lui, qu’avant de « décréter la séparation, » on n’ait pas commencé par la réforme de la loi organique de 1901 sur le droit d’association. Il est vrai qu’au Sénat un ministre ou un rapporteur, à moins que ce ne soit le président de la Commission, car je ne sais lequel des trois, a répondu sur ce sujet « qu’il y avait plusieurs droits communs. »

Mais nous nous plaignons surtout qu’on essaie de nous donner la loi de séparation comme une loi de liberté, parce qu’elle n’est pas encore tout à fait une loi de proscription ; et comme un système de sincère tolérance, quand elle n’est qu’un pas de plus vers la décatholicisation. On trouvera ce mot barbare ! mais il ne l’est pas plus que la chose qu’il exprime… Ou plutôt encore, non ! ne nous plaignons de rien ni de personne, et, froidement, si nous le pouvons, voyons les choses telles qu’elles sont. Dans son Histoire de l’Europe pendant la révolution française, l’historien Sybel, vers la fin du chapitre où il vient de résumer les négociations relatives au Concordat, fait cette remarque juste, simple et profonde, que « la conclusion du Concordat avait mis fin pour l’Europe à l’ère du rationalisme voltairien. » Et, en effet, là même et non ailleurs, dans la vérité de cette observation, est la raison des oppositions que le Concordat a soulevées dans sa nouveauté. Mais là aussi, dans le raccourci de cette formule, s’abrège et se résume l’histoire religieuse du XIXe siècle, à laquelle il ne faut pas douter que celle du XXe, sous d’autres formes, et avec d’autres caractères, ne laissera pas de ressembler beaucoup. Car nous n’avons pas fait la situation où nous nous débattons ! Et ce n’est pas nous, ce ne sont pas nos adversaires d’un jour, ceux d’hier ni ceux de demain, qui ont engagé la lutte bientôt deux fois séculaire dont la séparation actuelle de l’Eglise et de l’Etat n’est pas la terminaison, mais seulement un épisode, ou, si l’on le veut, une phase.

Laissons donc de côté les questions de personnes, et les considérations de l’ordre politique ! Un changement de ministère, une orientation nouvelle de la politique, une révolution même dans la forme du gouvernement ne changerait rien au fond des choses. Il ne s’agit plus seulement de savoir si l’on préférera la forme des Associations cultuelles à celle des Associations paroissiales, ou