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La Caisse générale des retraites ecclésiastiques existe encore actuellement. Il est assez curieux qu’il n’en ait pas été question lors des longues discussions qui se sont produites à la Chambre des députés sur le projet de Séparation des Églises et de l’État.


II

Nous nous trouvons donc aujourd’hui en présence de deux institutions destinées à venir en aide aux ecclésiastiques âgés et infirmes : les caisses diocésaines, rouage purement sacerdotal, et la soi-disant Caisse générale des retraites, appelée dans le clergé, Caisse du Remords, parce que plusieurs phrases du ministre Fortoul font allusion à la dette de l’État à l’égard des prêtres de l’Église catholique.

Quels sont les résultats donnés par ces institutions ? Quel avenir sera le leur si la crise religieuse que nous traversons atteint le degré d’acuité voulu par les jacobins et les sectaires ? Telles sont les questions qu’il semble utile d’examiner.

Il est assez difficile d’avoir des renseignemens très précis sur la situation présente des caisses diocésaines. Leur administration est sommaire, l’évêque est un président de Conseil dont les volontés sont difficiles à critiquer, surtout lorsqu’elles sont inspirées par plus de charité chrétienne que de compétence financière.

Beaucoup de ces caisses vivent encore avec les statuts élaborés après le décret de Thermidor an XIII. D’autres ont été obligées de se soumettre à des formalités administratives et d’adopter des statuts plus récens, mais moins libéraux, pour le motif suivant Certaines caisses reçurent des legs importans et durent demander l’autorisation de les accepter. Tout alla bien pendant quelque temps. Mais, l’État s’aperçut qu’il se constituait ainsi une fortune de biens de mainmorte qu’il lui était difficile d’apprécier et de contrôler. Il résolut donc de tirer parti de la première occasion qui se présenterait, pour n’accorder son autorisation d’accepter un don ou un legs, qu’à la condition de prendre pour statuts un texte soigneusement élaboré.

Ce petit « truc » gouvernemental semble avoir commencé à fonctionner, en 1885, sous la présidence de M. Jules Grévy et le passage au ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts