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notre pays, et nous verrons peut-être ces associations de nouveau traquées, spoliées, détruites, au nom et pour le bénéfice d’une politique quelconque. Les associations révolutionnaires et jacobines, régies par le droit commun, n’auront rien à souffrir ; le régime d’exception des autres pourra être détruit ou rendu plus tyrannique. Cela ne portera pas préjudice aux institutions laïques ordinaires. Et c’est là peut-être le comble de l’habileté des ennemis de l’Eglise, que de la maintenir toujours dans l’exception, afin de pouvoir toujours, au nom d’une règle supérieure, modifier ces exceptions.

Tout autre serait la situation du clergé catholique s’il s’organisait avec les lois ordinaires et communes à tous les citoyens. Il serait bien difficile de toucher à une œuvre mise sous le couvert d’une loi générale sans menacer toutes les autres œuvres, de quelques nuances soient-elles, arborant le même pavillon. Prenons l’exemple d’une caisse de retraites Si les prêtres constituent entre eux dans les termes de la loi du 1er avril 1898 une telle institution, comment un gouvernement pourra-t-il lui causer un préjudice sans en même temps porter atteinte à toutes les caisses de retraites régies par la même loi et qu’il a intérêt à encourager ? La crainte de molester la masse obligera à supporter des organisations, parfaitement légales et régulières, mais qu’on préférerait voir sur un autre terrain.

L’Eglise en tant que force morale peut revendiquer des privilèges et des droits, mais les ecclésiastiques en tant qu’hommes, en tant que citoyens, auraient intérêt à entrer dans les cadres du droit commun, à une époque où l’organisation religieuse n’est plus en mesure comme autrefois de pourvoir à leur avenir. Aussi ne pouvons-nous qu’applaudir aux initiatives qui ont été prises à cet égard et qui ont bien voulu nous faire l’honneur de nous demander quelques conseils d’ordre pratique.

Rien de plus noble et de plus conforme à la doctrine évangélique que ces prêtres qui, en présence des aléas de leur avenir, se groupent, s’unissent, forment des caisses de secours et de retraites, emploient pour eux-mêmes les principes de l’aide mutuelle et de la solidarité qu’ils ont si souvent prêches en commentant l’éternel : « Aimez-vous les uns les autres. »

Il s’est trouvé des évêques, profondément avertis des nécessités de l’heure actuelle, pour inspirer et patronner ces initiatives. Leurs prêtres se sont assemblés. Ils ont élaboré des