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membre de l’Institut, a obtenu de précieux résultats dans les Bouches-du-Rhône, en mettant à la disposition des syndicats une partie des bonis de la Caisse d’épargne qu’il préside ; les économies des agriculteurs alimentent cette Caisse, il les leur rend d’une manière avantageuse pour eux et pour elle ; l’Œuvre de l’outillage agricole, installée par lui en 1893, n’a plus cessé de prospérer. Et la loi du 20 juillet 1895 a consacré cette initiative, en autorisant les Caisses d’épargne à favoriser les syndicats agricoles par des prêts faits sur les bonis annuels et les revenus de leur fortune personnelle[1].

Les syndicats dits d’Industrie agricole, ayant pour unique objet l’achat et l’usage en commun de bons instrumens de culture, combinent ingénieusement la coopération et le crédit, fonctionnent grâce au concours d’une caisse rurale établie dans le voisinage, en général dans la commune rurale : chaque membre peut utiliser l’outillage, le prix de location paie l’entretien, les intérêts et l’amortissement du capital emprunté. Fondés en 1897 par le Syndicat agricole pyrénéen, ils possédaient, deux ans après, quinze trieurs à blé, trois batteuses à vapeur, onze défonceuses à manège, des faucheuses, des houes à cheval, etc. On rencontre surtout ces syndicats dans les Bouches-du-Rhône, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle, le Jura, le Nord, le Loiret, le Lot-et-Garonne.

La solidarité syndicale a eu aussi de très heureux effets pour l’entretien et l’amélioration du bétail ; il a contribué à en accroître la valeur et la production par l’achat collectif des fourrages, pailles, sons, tourteaux, sels dénaturés, tourbes pour litière, etc. Ainsi, pendant cette terrible sécheresse de 1893, certains syndicats ont facilité la conservation des animaux, en s’approvisionnant même à l’étranger. Les syndicats des régions viticoles passent des marchés dans les pays de production fourragère, avec d’autres syndicats agricoles, avec des particuliers ou avec le commerce. Ainsi, le syndicat de Narbonne, le syndicat de Montpellier et du Languedoc, ont, en 1894, acheté, le premier pour 500 000 francs, le second pour plus d’un millier et demi de fourrages, pailles, grains et tourteaux.

La Suisse et la Belgique nous donnent un excellent exemple,

  1. Léon Aymard, Les Syndicats agricoles, leur œuvre professionnelle, économique, sociale. — Fontan, Les Machines agricoles à la portée de tous : le Syndicat d’industrie agricole.