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avec la somme minimum de difficulté et pourtant avec une certitude suffisante, à découvrir et à formuler une loi naturelle et limiter sa tâche de manière à la rendre adéquate au but que l’on se propose. Si donc les analyses de ces échantillons sont achevées, on va se trouver en face d’une telle masse de chiffres qu’il sera devenu très difficile de les grouper et de les condenser pour laisser apparaître la loi qu’ils contiennent en eux. Tout cas particulier ne vaut la peine d’être étudié que s’il est un passage vers le cas général.

Un moyen simple et infaillible s’offre de dégager la loi, quelque énorme que soit le nombre des résultats numériques obtenus ; il consiste à mettre les chiffres représentant les faits sous forme de graphiques.

Dans le cas actuel, les graphiques sont des cartes. Admettons que nous ayons dressé une carte bathymétrique de l’Atlantique nord, puisque nous avons cet exemple, et que nous y ayons indiqué, dans leur position géographique respective, chacune des localités dont un échantillon a été étudié à un point de vue quelconque, — la teneur en calcaire, par exemple, — puisque chaque échantillon, après dosage de son calcaire, étant classé dans une des cinq catégories déjà établies, nous placions à côté du point qui marque sa place sur la carte, un chiffre romain variant de I à V, que nous enveloppions ensuite par des courbes dites isocalcaires, toutes les localités appartenant à la même catégorie, nous établirons ainsi des aires isocalcaires parfaitement délimitées qui seront lavées d’une teinte plate, — ordinairement de couleur sépia, — d’autant plus foncée que la teneur en calcaire sera plus forte. Le travail achevé, comme la carte ayant servi de canevas était la feuille bathymétrique où sont tracées les lignes isobathes, on aperçoit immédiatement si les aires foncées correspondent aux aires profondes, ou si au contraire, elles correspondent aux aires peu profondes, ou enfin si elles n’offrent aucun rapport entre elles. Quelle que soit la concordance, la loi est maintenant écrite graphiquement et elle s’énoncera : la teneur en calcaire d’un fonds croît avec la profondeur, ou décroît, ou bien ne possède point de relation avec la profondeur. Dans ce dernier cas, on sera averti que la répartition du calcaire sur le sol dépend d’une autre donnée qui, nous l’apprendrons plus tard, est très probablement la distribution à la surface des diverses conditions thermiques de courans