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REVUES ÉTRANGÈRES

FRA ANGELICO ET SES NOUVEAUX BIOGRAPHES


Fra Angelico, par Langton Douglas, 1 vol. in-4o, Londres, 1900 ; Le Bienheureux Fra Giovanni Angelico de Fiesole, par Henry Cochin, 1 voI. in-18 de la collection Les Saints, Paris, librairie Lecoffre, 1906 ; Fra Angelico, 1 vol. in-8o, illustré, de la collection Newnes Art Library, Londres, 1906.


Par un privilège singulier, et qu’on serait tenté d’appeler miraculeux, Fra Angelico, pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, a échappé au discrédit qui s’était alors répandu sur tous les peintres dits « gothiques, » « primitifs, » ou « préraphaélites. » Les voyageurs qui ont visité l’Italie pendant ces deux siècles, tandis qu’ils négligeaient de voir les œuvres de ses contemporains, ont vu les siennes, et ont noté le ravissement qu’ils en avaient eu. Les églises et couvens qu’il a décorés ont soigneusement conservé ses peintures, au lieu de les remplacer par d’autres mieux appropriées à leur goût moderne ; ou bien, lorsque la pauvreté les a contraints à s’en séparer, ils l’ont fait à contre-cœur, en bénissant du moins la mémoire du saint moine qui, même après sa mort, leur venait en aide. Et quand ensuite, dans la première moitié du XIXe siècle, le goût des « connaisseurs » a commencé à changer, c’est encore à Fra Angelico qu’est allé surtout le culte des nouveaux préraphaélites, allemands et anglais. Avec Giotto et le Pérugin, et au-dessus d’eux, le moine de Fiesole est, depuis lors, devenu pour nous le maître parfait de tout ce qu’il nous a plu d’attribuer, à l’art « primitif, » de pieuse, naïve, et touchante beauté.

Mais il y avait dans la beauté de l’œuvre de ce moine quelque chose de si particulièrement pieux que certains critiques, trop étrangers à