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MACHIAVEL
ET
LE MACHIAVÉLISME

PREMIÈRE PARTIE


LE MACHIAVÉLISME AVANT MACHIAVEL


I. — COMMENT SE FAIT ET SE MAINTIENT LE PRINCE

Il n’est probablement personne au monde de la part de qui ce ne serait point aujourd’hui de l’outrecuidance d’entreprendre soit une nouvelle histoire de Machiavel et de son temps, soit une nouvelle explication de son œuvre et de son dessein, soit une nouvelle critique ou une nouvelle apologie de sa vie et de ses écrits. Après M. Villari et M. Tommasini, après Macaulay, après les Ranke, les Gervinus et tant d’autres, il ne reste plus là-dessus rien à dire, ou peu de chose, et de très petites choses ; pas de quoi, en tout cas, ajouter utilement un volume à l’énorme bibliothèque que quatre siècles ont remplie de papier de format divers, imprimé à la gloire ou à la confusion, pour l’exaltation sans mesure ou pour la condamnation sans pitié du Secrétaire florentin[1].

  1. Voyez le savant travail de Robert de Mohl : Die Machiavelli Literatur, au tome III de son grand ouvrage : Die Geschichte und Literatur der Staatswissen-schaften ; 3 vol., 1855-1858 ; Erlangen, Enke ; — et les notes du livre, si richement documenté, de M. Oreste Tommasini : Là vita e gli scritli di Niccoló Machiavelli ; 1 vol. gr. in-8o ; 1883 ; Rome, Turin, Florence, Lœscher (le second volume annoncé n’a pas encore paru). L’un de ces répertoires est vieux de plus de cinquante ans, l’autre de plus de vingt ans déjà, et, depuis lors, on n’a pas cessé de publier.