Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décès a monté à 63 000 âmes, et le nombre des voyageurs entrant dans la colonie a dépassé de 10 000 celui des voyageurs en sortant, ce qui fait monter à 73 000 âmes le gain en population pour cette seule année. Il est vrai que, par suite de fâcheuses circonstances hygiéniques, l’année 1904 s’est montrée moins favorisée : à la suite d’un hiver très pluvieux, il s’est produit une grande recrudescence de paludisme ; la mortalité des Européens et plus encore celle des musulmans, particulièrement dans la province d’Oran, a dépassé de beaucoup la moyenne habituelle : néanmoins, l’excédent des naissances sur les décès y a encore atteint 20 000 âmes en chiffres ronds, mais les entrées et sorties des voyageurs ont fait ressortir une perte de 1 459. En réunissant les deux années 1903 et 1904, les plus récentes sur lesquelles nous ayons des renseignemens, l’une très favorisée, l’autre mauvaise, l’on a un gain total de plus de 90 000 âmes pour la population algérienne. Si, comme on peut le supposer, ces deux années peuvent être considérées comme fournissant des indications exactes sur l’ensemble de la période quinquennale, on ne risque pas de se tromper sensiblement en évaluant à 225 000 ou 230 000 âmes le gain total de cette période, ce qui porte la population de l’Algérie quasi exactement à 5 millions d’âmes, soit un accroissement de 120 à 150 pour 100 depuis la conquête.

En quelle proportion les deux principaux élémens de la population, les Européens et les indigènes, entrent-ils dans cet ensemble d’environ 5 millions d’habitans ? Les statistiques algériennes actuelles fixent à 641 900 le nombre des habitans dits européens ; mais on y comprend une soixantaine de mille Israélites indigènes naturalisés, de sorte que les habitans de véritable souche européenne n’étaient, en 1901, qu’au nombre de 580 000 environ : l’excédent des naissances sur les décès, toujours en laissant de côté les Israélites indigènes assimilés, varie entre 3 000 et 7 000 âmes annuellement ; l’immigration fournit un apport moyen analogue : on peut donc estimer que, à l’heure présente, l’élément européen pur est représenté en Algérie par 630 000 têtes environ. C’est l’équivalent de la population d’un important département de la France continentale : les. quatre cinquièmes de nos départemens ont, en effet, une population moindre que cet effectif des Algériens d’origine européenne. Comme autre point de comparaison, le nombre actuel des Algériens d’origine européenne (630 000) se