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Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/858

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« des Cipayes » à un dessein longuement mûri par un prince musulman qui rêvait de rétablir l’ancien empire des Mogols. L’opinion peut à la rigueur se produire, mais non celle qui tendait à nous imposer l’idée d’une Inde ayant conscience de son existence en tant que nation.

La révolte du 8 juillet 1800 eut pour patron, sinon pour chef, le fils cadet de Tippou-Saïb, Futch-Hyder ; du moins ce prince fut-il proclamé rajah par les troupes natives qui arborèrent le drapeau du Mysore au sommet de la citadelle.

Comme dans toute insurrection bien organisée, les conjurés avaient choisi les premières heures du matin pour commencer leur entreprise. Surpris à deux heures et demie, au milieu de leur sommeil, les Anglais sans défense furent facilement assassinés. Cent quinze soldats, dix officiers, tombèrent tout d’abord sous les coups de la garde de nuit fournie par le premier régiment des cipayes. Le secret avait été strictement gardé.

Aussi bien la garnison européenne, composée de deux compagnies de ce 69e régiment qui est devenu le second bataillon du régiment de Galles, avait-elle contre elle toutes les forces indigènes, à savoir plus de quinze cents hommes : six compagnies du 1er bataillon du 1er régiment et du 2e bataillon du 23e d’infanterie. Dans ce dernier s’était fomentée la révolte. Le 1er régiment était déjà sur le terrain de manœuvres quand les rebelles, ayant enlevé le poste européen, s’y rendirent pour l’embaucher. Ce fut chose facile. Bientôt toute cette masse organisée s’ébranla sous les ordres de ses officiers indigènes, musulmans pour la plupart, et ouvrit le feu contre le casernement anglais. Les soldats occidentaux encore endormis succombèrent, privés de leurs officiers. Ceux-ci surpris au lit, dans leurs logis, furent massacrés avec leur famille. Il en fut cependant qui, plus actifs ou plus heureux, purent se mettre en défense, se grouper et tenir les assaillans en respect, tant il est vrai que des gens résolus, même en petit nombre, peuvent faire tête utilement à une horde d’émeutiers. Autour de ces courageux officiers et fonctionnaires de tous grades se rallièrent les restes de la garnison blanche. Et ils se rallièrent si bien qu’ils repoussèrent les révoltés jusqu’à la grande porte de la citadelle, les empêchèrent de relever le pont volant et abattirent le drapeau du Mysore qui remplaçait celui d’Angleterre.

Cette opiniâtre résistance donna le temps aux secours d’arriver.