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LA SOCIETE AUSTRALIENNE

Les Français ne se sont pas assez occupés de l’Australie dans ces dernières années. Ils imaginent sans doute n’avoir rien à craindre et peu à espérer d’un pays situé aux antipodes. Mais de récens événemens nous ont donné à réfléchir sur la valeur des distances géographiques et nous commençons à soupçonner l’importance de contrées fort lointaines. L’Australie n’est pas plus éloignée de nous que le Japon, qui vient de s’imposer à notre attention avec une vigueur inattendue.

La nation australienne ne nous réserve pas d’aussi grandes surprises ni du même genre. Un peuple de quatre millions dames ne saurait en avoir la prétention. Pourtant, tout pays en état de transformation active mérite qu’on s’y intéresse, et c’est le cas de l’Australie.

L’évolution de l’Australie, — on l’a maintes fois exposé ici même[1], — est d’une nature très spéciale, en raison surtout de sa situation politique. Aussi le petit nombre d’étrangers qui en ont abordé l’étude ont-ils regretté de ne l’avoir pas conduite plus avant, faute d’avoir pu prolonger leur séjour assez longtemps pour se familiariser avec les élémens qu’elle comporte.

Des humoristes ont déclaré que l’Australie manquait d’originalité. C’est qu’ils l’avaient seulement entrevue ; peut-être étaient-ils influencés par leurs premières impressions. Celles-ci sont, en effet, peu favorables. Si on excepte la rade de Sydney, qui est une merveille, l’aspect général du pays est peu attrayant,

  1. Voyez notamment les études de MM. Audiganne (1847), Merruau (1849), Alfred Jacobs (1859), H. Blezzy (1864), Emile Montégut (1877), Louis Simonin (1885), C. de Varigny (1887), E. Marin La Meslée (1892), Pierre Leroy-Beaulieu (1896 et 1897).