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austral, qui en couvre toute la largeur, paraît éclairer l’immensité de l’océan Pacifique et régner sur elle. Tel est le rêve de la nation australienne ou plutôt la réalisation anticipée de son avenir. Les événemens montreront si cette image est celle de la terre promise ou si elle doit se dissiper au souffle des orages politiques.

J’ai dit que l’Australie était souveraine. Elle l’est ; non en théorie, mais en fait. Officiellement, le Commonwealth of Australia est une dépendance de la Couronne. Le préambule de la Constitution fédérale porte que les peuples de Nouvelle-Galles du Sud, Victoria, Australie Méridionale, Australie Occidentale, Queensland et Tasmanie, se sont unis in one indissoluble Fédéral Commonwealth under the crown of the United Kingdom of Great Britain and Ireland, and under the Constitution hereby established. Donc le lien avec la mère patrie subsiste. Il est d’ailleurs accepté par la grande majorité de la nation et nul ne songe, quant à présent, à le rompre. Seulement, ce n’est plus un lien de dépendance : l’Australie est sous la protection de l’Angleterre, non sous son protectorat. Elle s’est placée vis-à-vis d’elle sur le pied d’égalité des droits et n’admet pas la discussion sur ce point. Les formules de déférence à l’égard de la Grande-Bretagne qui figurent dans la Constitution du Commonwealth n’en altèrent pas le sens général. C’est un traité inter pares.

L’expression Commonwealth, choisie et imposée par les créateurs de la Fédération australienne, signifie « fortune publique, » autrement dit République ; et le mot république est mieux traduit en anglais par commonwealth que par republic, qui n’est qu’une adaptation. En même temps qu’on exhumait le terme commonwealth, inusité depuis Cromwell, on supprimait celui de Colonies, désignation officielle des territoires fédérés. On le remplaçait par États (States). Enfin, après avoir inscrit dans cette même Constitution, parmi les attributions du Parlement fédéral, celle de légiférer sur les Affaires extérieures, on a créé un ministère des External Affairs, et le premier ministre du cabinet fédéral a fait choix de ce portefeuille. Le premier ministre actuel en est également titulaire.

Si un examen du fonctionnement de la Constitution australienne ne sortait du cadre de cet article, il serait aisé de mettre ici en évidence que ces précautions de formes et d’étiquettes n’ont été, pour ainsi dire, que l’enregistrement officiel de l’acceptation