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forme d’un accroissement dans l’intensité de la sensation. Si pour une pression de 1 gramme, il faut un tiers de gramme, pour une pression de 10 grammes, il faudra une augmentation de un tiers de 10 grammes. La proportion est la même pour la température, pour le son. Pour la lumière, un accroissement de 1 pour 100 suffit. Il est donc possible de résumer toutes ces expériences par une loi, exprimant la constance de l’excitation, dans tous ses accroisse mens, pour tous les sens. Un autre psycho-physicien, Weber, est devenu célèbre pour avoir tenté de donner à cette loi une formule absolument mathématique :

La sensation croît comme le logarithme de l’excitation.

Ceux qui savent ce que c’est qu’un logarithme admireront sans doute cette extrême précision des résultats psycho-physiques. Ceux qui l’ignorent n’admireront pas moins.


Mais, si pour les sensations on a dû s’en tenir surtout à leur intensité, il est un autre caractère par où les phénomènes de la conscience semblent encore offrir une prise à la mesure, c’est leur durée.

Le plus éminent représentant de la psychologie allemande, son véritable chef et initiateur, celui qui fut le premier à formuler les principes de la liaison psycho-physiologique en général, Wundt, a institué, dans son laboratoire de Leipzig, des expériences de cette espèce.

L’opération est très simple : on soumet le sujet à une excitation, une piqûre à la main, par exemple, et on le prie d’accuser sa sensation par une réaction, en pressant le bouton d’un appareil, par exemple. L’intervalle qui sépare l’instant enregistré par les deux appareils mesure le « temps de réaction. »

Ce temps de réaction est infiniment complexe. Il comprend tout au moins : le temps physiologique représenté par la marche de l’excitation de la périphérie au centre ; le temps psychologique de la sensation ; le temps psychologique de la décision à prendre pour réagir ; le temps physiologique que constitue le trajet de l’influx nerveux du centre à la périphérie, vers les muscles.

Dans cet ensemble, comme on le voit, les deux temps psychologiques qu’il s’agit de mesurer sont pris entre deux temps physiologiques, dont nous ne savons pas quand l’un finit ni quand l’autre commence. Pour les atteindre, il suffira sans doute le