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comme pour en atténuer certaines conséquences possibles, que les catholiques, s’ils veulent vraiment lui témoigner leur soumission, devront lutter pour l’Égiise « avec persévérance et énergie, sans agir toutefois d’une façon séditieuse et violente. » Puisse cette prescription n’être jamais oubliée. L’assemblée des évêques, s’inspirant des sentimens qu’on lui recommandait, et à une majorité considérable, — on assure qu’elle a été de 22 voix, — a donc approuvé la création d’associations qu’elle estimait à la fois canoniques et légales. Elles étaient canoniques, puisqu’elles étaient étroitement soumises à l’autorité de la hiérarcliie ecclésiastique, et l’État pouvait les considérer comme légales, puisque les prescriptions matérielles de la loi y avaient été observées. L’esprit seul avait été changé. L’article 4 ayant stipulé que les associations devraient être organisées « conformément aux règles générales du culte dont elles se proposaient d’assurer l’exercice, » l’épiscopat seul devait fixer ces règles ; l’État n’avait rien à y voir. Telle est la transaction à laquelle nos évêques se sont arrêtés à ce moment, et qu’ils ont respectueusement soumise à l’adhésion du Pape.

À cette transaction le Pape n’a pas cru pouvoir adhérer… mais il faut ici dissiper une confusion que la lecture de l’Encyclique a fait naître dans quelques esprits, et dont les ennemis du Saint-Siège cherchent brutalement à tirer avantage contre lui. L’Encyclique semble donner à croire que le Saint-Père a confirmé purement et simplement de son autorité apostolique « la délibération presque unanime » de notre épiscopat. Le malentendu tient, s’il est permis de le dire, d’une rédaction un peu enchevêtrée. L’assemblée des évêques avait commencé par condamner avec le Pape la loi de séparation et les associations cultuelles qu’elle avait organisées, mais celles-là seulement et non pas toutes les autres qu’on pouvait concevoir. L’Encyclique confirme cette première partie de la délibération des évêques. Après l’avoir fait, elle prend en quelque sorte un temps qui aurait gagné à être plus accentué, et elle continue ainsi : « Mettant donc de côté ces associations, que la conscience de notre devoir nous interdit d’approuver, il pourrait paraître opportun d’examiner s’il est licite d’essayer, à leur place, quelque autre genre d’association à la fois légal et canonique, et préserver ainsi les catholiques de France des graves complications qui les menacent. À coup sûr, rien ne nous préoccupe, rien ne nous tient dans l’angoisse autant que ces éventualités ; et plût au ciel que nous eussions quelque faible espérance de pouvoir, sans heurter les droits de Dieu, faire cet essai