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rue Gassendi, beaucoup de baraques en planches où de tout petits commerçans ont établi leurs étalages.

Le quartier de la Santé touche au treizième arrondissement dans une de ses parties les plus misérables. On y trouve de très nombreux chiffonniers, rue de l’Amiral-Mouchez et rue de la Santé. Au numéro 66 de cette rue, ils sont une colonie, dernier reste de la « fosse aux lions » aujourd’hui démolie, dont le nom évoque le souvenir d’une extrême détresse. Deux autres taches se trouvent entre le parc Montsouris et l’arrondissement voisin, et dans l’espace compris entre les réservoirs et la rue d’Alésia, près de la rue du Commandeur. Il ne faudrait pas cependant insister trop sur l’aspect nécessiteux du quartier. Beaucoup d’ouvriers du cuir, mégisseurs, polisseurs, chapeliers, et aussi quelques charretiers, habitent là et travaillent dans le treizième. Le parc Montsouris offre aux familles bon air et séjour agréable ; de belles constructions s’élèvent ; et l’on peut penser qu’il va en être de ce quartier comme du Luxembourg, où les maisons d’habitation n’ont pas cessé, depuis de longues années, de gagner en confort.

Plaisance est de beaucoup le quartier le plus peuplé ; c’est aussi le plus grand et le plus actif ; c’est en même temps le plus pauvre. Les brocheuses, couturières, laveuses, femmes de journée, et pour les hommes, les garçons de peine et journaliers, font de fréquens appels aux secours publics. Pourtant, il y a de bons métiers. Tous ceux qui concourent à la confection du livre, les cochers des Petites Voitures, les agens des Pompes Funèbres, les ouvriers du bâtiment, gagnent bien leur vie. On trouve aussi, non loin des fortifications, beaucoup d’agens des ateliers du Timbre et du ministère des Postes, et, près la gare Montparnasse, quelques employés du chemin de fer. Tout ce monde, sans être précisément au large, peut cependant faire face aux nécessités de la vie. Les sociétés d’épargne font des recrues dans ce milieu ; la société des Prévoyans de l’Avenir y compte de nombreux adhérens ; des magasins importans de nouveautés et de produits alimentaires semblent y faire de bonnes affaires ; mais le chômage, l’imprévoyance, la maladie et les charges de famille sont les causes occasionnelles ou permanentes qui font ici trop de nécessiteux ; en outre, il est des lieux de vraie misère, notamment le long du chemin de fer, passage Léonidas et rue Julie. Enfin, pourquoi tant de garnis