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rembourser par acomptes, c’est épargner et faire œuvre de prévoyance ; 4° Les prêts au moindre intérêt possible ; 5° Tous doivent pouvoir emprunter avec le moins de démarches et de formalités possible. Exiger comme condition de crédit une part dans le capital de la banque, c’est couper bras et jambes au paysan ; l’épargne mensuelle, très sagement exigée de l’artisan et de l’ouvrier des villes, devient un non-sens vis-à-vis de l’agriculteur qui ne fait des recettes qu’au moment de la vente de sa récolte ou de son bétail. « La vraie caisse d’épargne du cultivateur, remarque M. Louis Durand, c’est son écurie, où chaque jour ses élèves croissent et prennent de la valeur ; ce sont ses terres, bien cultivées, et portant des récoltes d’autant plus belles qu’on y a dépensé plus de travail et plus de capital circulant, sous forme d’engrais et de semences de choix. »

La loi belge ne tolérant ni l’exclusion de capital, ni l’exclusion de dividende, ni la règle de l’indivisibilité de la réserve, les caisses rurales durent admettre un capital de parts sociales, la distribution de dividendes, la divisibilité de la réserve. Mais, pour ne pas s’éloigner du type Raiffeisen, on prit un certain nombre de mesures, telles que : parts sociales fixées au chiffre le plus faible, deux ou trois francs par membre, taux des dividendes limité de manière à ne pas dépasser le taux normal de l’intérêt, statuts rendant très difficile à obtenir la dissolution de l’association.

La caisse rurale est une société coopérative avec engagement solidaire et illimité de ses membres. Ne peuvent en faire partie que « les personnes domiciliées dans la commune qui, reconnaissant la religion, la famille et la propriété comme bases de la société, y conforment leur conduite, possèdent leurs droits civils, et sont aptes à s’engager par contrat. » Voici les principaux cas d’exclusion : insolvabilité, déchéance des droits civils, retard de quatre mois pour le paiement de la part ou mise, inconduite notoire, engagemens commerciaux avec des gens considérés comme des usuriers, persistance du membre à faire partie d’une autre société de crédit reposant aussi sur la responsabilité illimitée. La caisse rurale est autonome, gère elle-même ses affaires par le conseil d’administration, le caissier, le conseil de surveillance et l’assemblée générale. Elle a un service des dépôts, un service des comptes courans et un service des prêts : les deux premiers ouverts aux étrangers, le troisième