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à la Caisse d’épargne par leur intermédiaire, celui-là égal au douzième des intérêts payés à la Caisse d’épargne ; l’autre, double de la première, éventuel et à terme, pour le cas où la caisse locale entre en liquidation, ou ne fait plus partie de la Caisse centrale.

Quant à la Caisse générale d’épargne, bien qu’elle fonctionne avec l’aide de l’Etat, sous sa surveillance et sous sa garantie, elle a son existence propre, son autonomie ; créée afin de favoriser la pratique de l’épargne et le développement des idées de prévoyance, elle prête à 3,25 pour 100 aux caisses rurales affiliées à une Caisse centrale de crédit agricole.

L’abbé Mellaerts, fondateur du Boerenbond ou Ligue des Paysans, institua en 1892 à Rillaer la première caisse agraire : au 31 décembre 1903, on en comptait 386, leurs dépôts en comptes courans et sur livrets d’épargne atteignaient le chiffre de 7 036 748 francs ; elles n’avaient utilisé leur crédit à la Caisse d’épargne que pour 94 128 francs, et elles avaient consenti des prêts pour une somme de 18 576 513 francs. On l’a vu, le clergé joue ici un grand rôle, non seulement lorsqu’il s’agit de créer et donner le branle, mais pour faire vivre, marcher et progresser l’œuvre : souvent le curé du village accepte les fonctions de caissier, et les paroissiens insistent pour qu’il ne se dérobe pas. Le Boerenbond reste une fédération agricole catholique qui a ses journaux, protège énergiquement ses membres, veille aux intérêts moraux et matériels des ouvriers qui travaillent en France : rien de ce qui touche la campagne ne lui est étranger, et chaque année est en quelque sorte marquée par une nouvelle victoire sur ces éternels ennemis, la misère, l’ignorance et la routine qui ne désarment jamais, reviennent toujours à la charge, et reparaissent sous des costumes divers ; car, hélas ! ils prennent parfois la forme de l’inquiétude, du mécontentement, plus âpres à mesure qu’on leur enlève leurs légitimes griefs ; et les peuples les plus riches, les plus heureux, sont souvent les moins reconnaissans envers le destin. Les véritables apôtres le savent, et cette pensée douloureuse ne les décourage point : ils savent aussi que le mal est immense encore, s’appliquent à en resserrer les limites ; mais ils comptent un peu sur cette petite goutte de bon sens, sur cette poussière céleste qui combat en nous les impulsions de haine et de bouleversement.

Mentionnons encore la Ligue du coin de terre et du foyer