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Dahomey, le coprah de nos possessions d’Océanie et d’indo-Chine dont on fabrique un produit nouveau, la végétaline, très employée aujourd’hui dans la cuisine. Toutes ces huiles entrent surtout dans la confection des savons que Marseille exporte ensuite dans le monde entier. Les colonies, en retour, offrent aux savonneries de Marseille un débouché considérable : sur 23 000 tonnes de savon expédiées par mer en 1903, 17 000 ont été aux colonies. Les bougies, les huiles y sont également très demandées. Les grands travaux de Chevreul et de M. Berthelot sur les corps gras ont ouvert de nouvelles voies à l’activité des Marseillais et les ont aidés dans leur lutte contre la concurrence américaine ; ainsi se lient, dans une étroite solidarité, les efforts en apparence les moins coordonnés de notre énergie nationale : le travail du savant arme l’industriel pour la lutte et l’usinier, à son tour, fournit le fret des bateaux et fait vivre le colon.

Les raffineries de Marseille travaillent nos sucres coloniaux de la Réunion et de la Guadeloupe, ses confiseries et ses chocolateries les emploient ; un jour prochain, sans doute, nos colonies se mettront en mesure de vendre aux industriels marseillais les cacaos qu’ils achètent en Amérique du Sud. Les peaux des bestiaux tués en Algérie, en Indo-Chine, à Madagascar, viennent en grande partie à Marseille pour y être tannées. Les phosphates et les marbres d’Algérie et de Tunisie, les alfas, les tabacs, les laines d’Algérie trouvent à Marseille un marché ; l’industrie du caoutchouc commence à s’y développer. Il est superflu de continuer cette nomenclature et de montrer comment, en retour, les colonies offrent à tous les produits de l’industrie marseillaise un débouché dont l’importance apparaît mieux à mesure que les colonies se développent et que, dans le reste du monde, les concurrences se font plus âpres. Les Compagnies marseillaises de navigation trouvent, elles aussi, dans le fret colonial, une ressource dont l’importance va toujours grandissant, et ce sont elles, aujourd’hui, qui ne suffisent plus, soit à l’exportation, soit à l’importation, aux besoins de notre empire d’outre-mer. Il est singulièrement édifiant de constater qu’en 1905, sur 2 170 grands bateaux à vapeur entrés à Marseille sous pavillon français, 1 262 (jaugeant 1 116 743 tonneaux) venaient d’Algérie, 74 de Tunisie, 18 du Sénégal, 24 de la Côte occidentale d’Afrique, 17 d’Indo-Chine, 11 des établissemens français d’Océanie, 4 de la Réunion et de l’Inde française.