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Commençons donc par un coup d’œil sur quelques points du réseau où l’ingénieur a dû attaquer ces formations superficielles qui portent le nom très peu compromettant, faute de signification, de terrains quaternaires. Ce sont des dépôts relativement très récens et qui même se soudent fréquemment de la manière la plus ménagée avec les couches en voie actuelle d’édification.

A Paris leur type principal est appelé « diluvium » et consiste en placages de galets, de graviers, de sables et de unions abondans surtout dans les portions basses du pays, au voisinage plus ou moins immédiat de la rivière. Souvent ces matériaux ne se distinguent, par aucun caractère de structure ou de forme, de ceux que la Seine déplace sous nos yeux, et l’on ne peut douter que leur origine ne soit rigoureusement la même. Pourtant, il faut reconnaître que leur formation remonte à une date reculée, comparée aux dates historiques, puisqu’on trouve dans leur masse, enfouies comme le sont actuellement dans le lit du fleuve les ossemens des animaux qui se noient, des portions du squelette de bêtes qui n’existent plus en aucune région de la terre, comme l’éléphant à fourrure, le rhinocéros à narines cloisonnées, le cerf à bois gigantesques, ainsi que des armes et des outils en usage aux temps où l’homme, ignorant encore les métaux, se servait exclusivement de la pierre.

Parmi les localités où le diluvium a été attaqué par les travaux du Métropolitain, il faut citer d’abord la place de la Concorde dans le prolongement de la rue de Rivoli. Les graviers, en ce point, étendus très au-dessus du fleuve, à un niveau que celui-ci ne saurait plus atteindre même par ses plus fortes crues, ont des caractères absolument identiques à ceux des graviers actuels, et il est certain qu’ils ont été accumulés de la même manière, par un cours d’eau ayant le même volume, ou à peu près, et la même allure que la Seine contemporaine.

Les échantillons recueillis de ces dépôts nous montrent qu’il s’est accompli dans leur épaisseur, depuis le moment de leur constitution, de ces phénomènes de transformation sur lesquels nous venons de nous arrêter, et parmi lesquels il y a lieu de mentionner l’accumulation progressive du minerai de manganèse qui à la place de la Concorde teint tout le gravier en noir profond.

Sans insister sur ce point, nous ajouterons seulement que