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LA FRANCE
ET LA
RÉDEMPTION DES ESCLAVES EN ALGÉRIE
Á LA FIN DU XVIIe SIÈCLE

J’ai dit, ici même, il y a quelques années[1], quel était le sort affreux des chrétiens captifs en Barbarie, depuis la seconde moitié du XVe siècle, quels travaux et quelles misères ils avaient à endurer, quelles tentations à repousser, et j’ai montré le dévouement admirable avec lequel les Trinitaires, les Pères de la Mercy et les Lazaristes s’étaient tour à tour consacrés à racheter et rapatrier les uns, et à consoler et secourir les autres, qui restaient sur la terre de servitude. Je me suis efforcé de remettre en pleine lumière ces humbles moines, trop oubliés et méconnus de nos jours, qui, au prix de mille fatigues et dangers, au risque de leur liberté et parfois de leur vie, allaient porter secours à ces esclaves chrétiens, détenus dans les bagnes ou sur les galères d’Alger, de Tunis ou de Salé (Maroc) et qui, poussés au désespoir, en venaient souvent à renier le Christ. Plusieurs, entre autres les Pères Lazaristes Le Vacher et Montmasson, cueillirent, sur ce champ de travail et de lutte contre la tyrannie turque, les palmes du martyre.

Je voudrais, aujourd’hui, à l’aide de documens conservés aux archives du ministère des Affaires étrangères et de deux livres

  1. Voyez la Revue du 15 août 1896.