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quartiers bourgeois. Quant aux grands seigneurs de la science, ils sont une quarantaine dans la capitale qui gagnent de 100 000 à 200 000 francs par an, en moyenne 150 000 francs par an ; chacun autant que le premier médecin de Louis XIV, huit fois plus que celui de la reine Anne, sous Louis XII, vingt ou vingt-cinq fois plus que ceux du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, ou de la reine Isabeau, femme de Charles VI.

Au-dessous d’eux, il en est 200 qui se font une quarantaine de mille francs ; 400 à 500 oscillent entre 15 000 et 20 000 francs et les 2 000 moins favorisés réalisent des recettes annuelles de 8 000 à 15 000 francs. En province, sauf pour les débutans ou les amateurs qui exercent peu, le minimum ne descend guère au-dessous d’une dizaine de mille francs pour le médecin ayant cheval et voiture. Les plus recherchés, les plus laborieux surtout, arrivent à 20 000 et 30 000 francs par an.

Aux derniers siècles, les visites de médecins se payaient depuis 1 fr. 50, et même depuis 0 fr. 70, jusqu’à 3 et 4 francs dans les villes de province ; à Paris, de 5 à 14 francs pour les docteurs en réputation.


Tastant le pouls, le ventre et la poitrine,
J’aurais un beau teston pour juger d’une urine,


dit Régnier, sous Henri IV. Le teston de 5 fr. 40 était un prix ordinaire ; les régens de la faculté prenaient 10 francs et, lorsqu’ils étaient convoqués en « consultes » chez un grand personnage, comme Colbert, ils recevaient chacun un louis de 10 livres, ou 37 francs actuels. Le prix dépendait beaucoup de la qualité des malades : le tarif du médecin de petite ville, au XVIIIe siècle, qui touchait un fixe de 600 à 700 francs sur les fonds communaux, était de 1 fr. 70 par visite chez les bourgeois et de 0 fr. 85 seulement chez les artisans.

La petite vérole était soignée à forfait, à Orléans, en 1564, pour des sommes qui vont de 18 à 130 francs ; et lorsque la maladie d’un moine à Montauban, en 1345, coûte 87 francs, celle d’une grande dame coûte 584 francs. La Comtesse d’Artois donne 510 francs en 1305 au physicien qui l’a soignée dans une affection grave ; le comte de Savoie paie 50 francs, en 1318, la visite d’un grand médecin qu’il a mandé ; tandis qu’Albert Durer, en voyage (1521), donne 5 francs à « Maître Jacques, » le médecin