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nécessaire que les déchets et les matières usées, très semblables en tous points, et toujours incommodes, insalubres ou dangereux soient enlevés et transportés aux décharges et de là hors de l’enceinte.

Et, d’autre part, si l’animal est une ville, la forme typique qui est son trait signalétique par excellence est représentée par la forme extérieure de l’agglomération urbaine et par son organisation, c’est-à-dire par l’ensemble de ses institutions, de ses moyens de communication, de ravitaillement, de ses conduites et de ses décharges. La configuration de la ville dépend de mille circonstances extérieures, du cours d’une rivière ou du transit d’une route où s’est établi le premier fondateur, de la forme de la vallée et de la disposition des collines et de leur orientation ; et quant à l’organisation, elle est soumise à tant de conditions de temps, de lieu, de degré de civilisation, que la variété de tous ces traits est bien propre à donner une idée de la variété et de la mutabilité des formes animales en contraste avec l’invariabilité relative du fonds vital commun à ses habitans.

Mais les comparaisons de ce genre, si elles ont l’avantage de donner une expression concrète à nos conceptions, ont aussi leur danger. L’image que l’on substitue à l’objet réel ne lui est jamais exactement superposable et risque d’en donner une idée fausse. Ici, par exemple, il n’est pas certain que les élémens anatomiques, les cellules constituantes du corps animal soient aussi indépendantes les unes des autres que peuvent l’être les citoyens d’une ville. L’animal composé, le métazoaire, n’est ni quant à sa forme, ni quant à sa vie, une simple agglomération de cellules contiguës. Certains naturalistes, comme Sedgwick en 1895, ont prétendu que le corps animal était non pas un agrégat, mais un réseau dont les cellules, au lieu de rester indépendantes, se rattachaient les unes aux autres par de grêles prolonge-mens, par des ponts protoplasmiques. Et, de fait, on trouve une disposition de ce genre dans les cellules sous-épidermiques et en général dans les élémens du mésenchyme anastomosés en réseau : le système nerveux, lui-même, envisagé dans sa totalité, ne serait autre chose, d’après les adversaires de la doctrine du neurone, E. Pflüger, O. Schulz et d’autres, qu’une masse unique, une sorte d’amide gigantesque. Toutefois, ces restrictions à la doctrine cellulaire ne peuvent avoir qu’une répercussion insignifiante sur la conception du fonds vital universel prouvé par l’unité anatomique des êtres vivans.