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de propreté, les draps blanchis une fois par mois, les matelas cardés au moins tous les deux ans. Il « doit » s’y trouver des lavabos, à raison d’un au moins pour six personnes, avec savon et serviettes individuelles…

Des dortoirs de cette sorte, parfaitement « confortables, » viennent d’être installés à la Turballe, à Belle-Ile, à Quiberon, etc. ; ils seront prêts pour la prochaine campagne. À la bonne heure ! Reste à savoir, il est vrai, si on aura l’occasion de les inaugurer. Les sardinières supposent des sardines. Mais les sardines continuent à bouder les filets de nos pêcheurs. Et c’est que, des trois remèdes préconisés par l’Union des fabricans, le Parlement, comme je l’expliquais plus haut, n’a pris en considération que les deux premiers, dont l’efficacité était subordonnée à l’adoption du troisième. Or, précisément, de ce troisième remède, les pêcheurs ne veulent pas entendre parler.


V

Il est donc bien terrible, ce remède ? Jugez-en. L’Union des fabricans ose réclamer le retour de la législation maritime à un régime plus libéral en ce qui concerne l’emploi des engins de pêche. Les sennes et filets roulans, par exemple, sont interdits : elle demande que l’interdiction soit levée. On comprend les hésitations du ministre.

De sa réponse pourtant dépend la résurrection ou la ruine définitive de l’industrie sardinière. Car, s’il est exact que la sardine ne « travaille » plus, ne « maille » plus, il ne s’ensuit pas que la sardine fasse défaut sur nos côtes. Au contraire et, dans les pires années, en 1902, en 1905, les pêcheurs ont encore dit, en débarquant les mains vides : « Jamais on n’a vu autant de poisson[1] ! » Par surcroît, ce poisson, il semble aujourd’hui prouvé qu’on pourrait le capturer, sinon sans rogue, du moins à peu de frais, avec des sennes d’une certaine dimension, ces mêmes sennes qui furent en usage chez nous de 1874 à 1878 et que les pêcheurs espagnols et portugais se sont empressés d’adopter. La senne Belot, par exemple, vaste nappe de 1600 mètres de long et de 30 mètres de haut, permet de prendre jusqu’à 100 000 sardines d’un coup. Eh ! mais, direz-vous, la

  1. Cf. Aug. Dupouy, la Crise sardinière (Pages libres, 10 janvier 1906).