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erreurs passées. On les a vus qui préconisaient l’accord du capital et du salaire, qui consentaient à une limitation des prix, qui reconnaissaient les syndicats et envoyaient des délégués à leurs congrès. Et ces délégués disaient :

— Nous souffrons les uns et les autres et nous souffrirons bien davantage encore, si nous continuons à nous entre-déchirer. Pêcheurs, vous laissez dire partout, vous faites écrire par vos députés que « la sardine semble avoir abandonné nos côtes. » Pourquoi tromper l’opinion ? Qu’en résultera-t-il de bon pour vous ? Plutôt que de tout attendre de l’État-Providence, comptons sur nous-mêmes, unissons-nous, usiniers et pêcheurs. Il y a encore de la sardine dans les mers vendéenne el bretonne ; il y en a même en abondance, et des expériences récentes témoignent qu’on peut la prendre presque sans rogue, presque sans frais, avec des sennes et des filets tournans, ces sennes, ces filets dont vous avez obtenu l’interdiction en France et au moyen desquels, en Espagne et en Portugal, on pêche la sardine par quantités prodigieuses. Vous avez peur à votre tour d’en prendre trop ? Vous redoutez le brusque avilissement des prix ? Eh bien ! convenons : 1° Que la pêche aux filets tournans ne sera autorisée qu’en cas de disette de poisson sur la côte ; 2° que des prix minimum vous seront garantis après discussion, sur des bases fixées par vous et par nous

Le sage Nestor n’eût pas mieux dit. C’est pourquoi je souhaite vivement que les pêcheurs se prêtent aux ouvertures des fabricans. La prétendue solution hauturière ne serait en effet une solution pour personne et pas même pour les pêcheurs. Quelques-uns seulement, en très petit nombre, pourraient en faire leur profit. Puis on ne passe pas si commodément d’une pêche à une autre pêche ; et, enfin, cette pêche hauturière a bien comme la petite pêche ses aléas et ses mécomptes. Pour avoir égard aux intérêts du prolétariat maritime, il n’est point nécessaire qu’on leur sacrifie les intérêts du patronat sardinier ; il arrive même qu’on sert les uns en servant les autres, tant ils sont au fond solidaires. Un accord entre les fabricans de conserves et les pêcheurs, accord dont il appartient peut-être à l’État de prendre l’initiative et, en tout cas, de surveiller la stricte observation, voilà, en résumé, le vrai, l’unique salut à cette heure pour notre industrie sardinière.

Et tout le reste n’est que de la surenchère électorale.