Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 37.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


Les Chambres sont rentrées en session le 8 janvier : nous n’avons encore rien à dire de leurs premiers travaux. Il semble que la Chambre des députés n’ait pas mis un grand empressement à entamer les siens : elle n’a pas osé, le premier jour, procéder comme d’habitude à l’élection de son bureau, de crainte que le quorum exigé par le règlement pour la validité du scrutin ne fût pas atteint. Il y avait beaucoup d’absens. On s’est contenté, dans les deux assemblées, d’écouter les discours des doyens d’âge, qui étaient au Luxembourg M. Fayard, et au Palais-Bourbon M. Louis Passy. Ce dernier a montré du courage, car il a parlé de justice et de liberté, et il a invoqué le nom de Dieu qu’on efface en ce moment sur la tranche des pièces de 5 francs. Aussi n’a-t-il été applaudi qu’à droite et au centre, mais il l’a été chaleureusement, et, au surplus, ce n’est pas des applaudissemens qu’il cherchait. Les bureaux des deux Chambres ont été réélus le surlendemain sans difficulté, et la nouvelle session a commencé dans des conditions un peu confuses, qui ne permettent pas encore de prévoir ce qu’elle sera.

On a beaucoup parlé depuis quelques jours de la résistance qu’opposerait le Sénat aux entraînemens que la Chambre a subis avec la connivence du ministère, quelquefois même sous son impulsion. Il serait téméraire de dire jusqu’où ira cette résistance : peut-être est-il exagéré d’appliquer une qualification aussi tranchée aux sentimens de la haute assemblée. Le Sénat n’a résisté jusqu’ici qu’à l’impatience du gouvernement, qui aurait voulu lui faire voter, soit le budget, soit une loi aussi importante que le rachat de la