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et réussissent à les instruire en vue de l’action sociale. Des initiatives privées se sont élevées çà et là, pour leur enseigner ce qu’elles ignoraient.

En 1900, au moment de l’Exposition, un congrès de femmes catholiques s’était tenu sous la présidence de Mme de Bully, à côté d’un congrès protestant et d’un congrès socialiste et anti-religieux. Un autre congrès, dit Congrès Jeanne d’Arc, se réunit en 1904. Tous les deux, en proclamant l’urgence des œuvres sociales, avaient appuyé sur la nécessité qu’il y avait de donner à la femme une formation spéciale. Cette idée était bien dans l’air, comme on dit. À la vérité, elle n’était pas si neuve qu’elle le semblait. Lorsqu’en 1873, M. de Mun avait organisé définitivement l’Œuvre des Cercles catholiques, il avait, dans la plupart des grandes villes françaises, constitué des comités de dames patronnesses. Ces comités, en rapport direct avec le comité central de Paris, devaient collaborer aux œuvres fondées et conduites par les comités d’hommes, tout en créant des œuvres uniquement féminines. Les femmes, qui en faisaient partie, apprenaient déjà ainsi par la pratique immédiate à exercer une action sociale. Le comte de Mun, le marquis de la Tour du Pin et leurs collaborateurs, les instruisaient et les guidaient, instruction et direction augmentées encore par des conférences nombreuses et ce qu’on appelait les assemblées provinciales de l’Œuvre. Mais vers 1900, il y eut une recrudescence très vive de l’action féminine, et, à proprement parler, plutôt une éclosion luxuriante, tant l’ardeur était générale, l’enthousiasme persévérant, l’énergie avide de résultats. C’est en ce temps que la baronne Piérard proposa, aux femmes du monde, de les réunir chez elle, dans son hôtel de la rue d’Athènes, à certains jours, pour entendre des conférenciers, dont les premiers furent MM. Etienne Lamy, Jules Lemaître, René Doumic, Ferdinand Brunetière, leur exposer et leur expliquer les différentes faces du rôle social qu’elles devaient jouer. Fille d’un grand industriel de la Seine-Inférieure, M. Desgcnetais, la baronne Piérard avait, tout enfant, vu régner dans les usines de son père l’harmonie la plus profonde entre les ouvriers et les patrons : elle croyait cette harmonie possible entre les classes jusqu’alors les plus opposées, et elle espérait qu’il lui serait peut-être dans l’avenir accordé de contribuer à la répandre. Elle devait plus tard , avec des associées dévouées, concevoir et réaliser une œuvre populaire toute