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l’esprit. Fogazzaro s’est qualifié lui-même de Chevalier de l’Esprit saint : il voulait dire par là qu’il cherchait à travailler à l’agrandissement dans les esprits de l’idée même de Dieu et au développement sur terre de son Église. Sera-t-il permis à ceux qui le connaissent de donner à cette expression son sens complet et lumineux : héraut par la parole, chevalier par la vie, l’une et l’autre étant en harmonie parfaite et se complétant en se multipliant sous l’action profonde et consciente, nous voudrions l’avoir démontré, d’une seule pensée, d’un seul amour, d’un seul vouloir ? Et l’on comprendra qu’un tel homme ait pu écrire ces admirables paroles :


Priez sans cesse et apprenez à prier sans cesse. Cela est le premier fondement. Quand l’homme aime vraiment d’amour une personne humaine ou une idée de son propre esprit, sa pensée s’attache continuellement en secret à l’objet de son amour tandis qu’il vaque aux occupations les plus diverses de la vie, qu’il ait d’ailleurs une vie d’esclave ou une vie de roi ; et cela ne l’empêche pas d’être attentif à sa tâche et il n’a pas besoin d’adresser beaucoup de paroles à l’objet aimé. Les hommes qui vivent dans le monde peuvent ainsi porter dans leur cœur une créature, une idée de vérité ou de beauté. Pour vous, portez toujours dans votre cœur le Père que vous n’avez pas vu, mais que vous avez tant de fois senti comme un esprit d’amour s’élevant en vous, y mettant le très doux désir de vivre pour lui. Si vous agissez ainsi, votre action sera toute vivante de l’esprit de vérité.


ROBERT LÉGER.


M. Robert Léger venait à peine de terminer cette étude quand il est mort prématurément, quelques jours avant la conférence que M. Fogazzaro a faite récemment à Paris. (N. D. L. R.)