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ciel brumeux qui arrête la lumière du jour et rend toute observation impossible, on comprend l’utilité d’une station qui domine les nuages. Mais, en supposant même le ciel parfaitement serein, l’atmosphère est encore un obstacle sérieux, espèce de voile translucide et trompeur, interposé entre l’observateur et l’univers, et ce voile est terriblement épais au niveau de la mer. Il déforme et dénature les images des objets.

Il y a d’abord la réfraction, qui fausse la position des astres d’autant plus qu’ils se trouvent plus près de l’horizon, où sont massées les couches d’air les plus denses.

Un autre inconvénient, plus grave au point de vue de l’astronomie physique, c’est que l’atmosphère diffuse la lumière, de sorte qu’un faisceau de rayons qui la traverse illumine l’air dans toutes les directions. C’est cette illumination du fond qui est le grand obstacle quand il s’agit d’explorer le bord ou les environs du disque solaire, et qui a si longtemps empêché l’observation des protubérances, en dehors des rares occasions fournies par les éclipses totales. S’il est possible de les voir aujourd’hui en plein jour, c’est que, grâce à M. Janssen, on sait s’affranchir de l’illumination par l’emploi du spectroscope, qui étale et affaiblit la lumière du fond, tout en laissant intacte la lumière monochromatique des protubérances.

Parmi les effets qui sont dus à la présence de l’atmosphère, il faut encore mentionner l’absorption qu’elle exerce sur les radiations émanées du soleil ou d’un astre quelconque ; elle en retient une notable partie, et, comme l’absorption n’est pas la même pour les divers élémens d’un faisceau lumineux, il en résulte que la composition du faisceau peut se trouver profondément altérée. Il faut donc admettre que les radiations qui arrivent jusqu’à nous sont, non seulement affaiblies par leur passage à travers l’atmosphère, mais encore dénaturées, modifiées dans leur composition. C’est pour cette raison que le soleil paraît rouge lorsqu’il approche de l’horizon. C’est aussi la cause de l’apparition d’une foule de lacunes ou raies noires dans le spectre solaire, raies dont l’origine terrestre est attestée par leurs variations.

Les effets nuisibles que nous venons d’énumérer s’atténuent beaucoup lorsque l’observateur peut se transporter à une altitude de quelques milliers de mètres. Au sommet du Mont-Blanc (à 4 810 mètres au-dessus du niveau de la mer), le baromètre