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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.


La séance du 30 janvier dernier a été certainement, au Palais-Bourbon, une des plus extraordinaires qu’on eût encore vues. Il s’agissait des lois cultuelles, cette tapisserie de Pénélope que le gouvernement et les Chambres recommencent sans cesse. La récente Déclaration des évêques avait donné un aliment nouveau à la fermentation des esprits. La forme en avait généralement déplu. Mais les hommes de sang-froid, dans le Parlement et dans le ministère, avaient négligé la forme, ou l’avaient du moins regardée comme accessoire, pour aller droit au fond des choses ; où ils n’avaient pas eu beaucoup de peine à apercevoir un premier pas dans le sens de la conciliation. Il fallait donc prendre la Déclaration très au sérieux, en examiner tous les termes, rechercher enfin dans quelle mesure et par quels moyens on pourrait la mettre en harmonie avec les prescriptions de la loi. Les évêques avaient eu soin de dire eux-mêmes que les clauses qu’ils proposaient à l’acceptation des maires étaient légales. Était-ce exact ? Et si cela ne l’était pas tout à fait, ne pouvait-on pas, grâce à quelques modifications de texte, arriver à l’accord désiré ? Telles étaient les questions qu’une première lecture du document épiscopal faisait naître dans les esprits. Comme les esprits sont différens, les réponses devaient l’être aussi. Mais qui aurait pu s’attendre à ce que, dans le gouvernement lui-même, elles seraient absolument contradictoires ? C’est pourtant ce qui est arrivé. On a vu le vieux char de l’État tiré dans un sens par M. Briand et dans l’autre par M. Clemenceau, au grand scandale de la galerie. Le ministère a été sur le point d’en être disloqué, et il faudrait avoir beaucoup d’optimisme, pour