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LE SANG DE LA PLAIE






Car ce que m’ont appris la ronce et les épines
C’est qu’il n’est rien de bon au monde que d’aimer.
Que même les douleurs de l’amour sont divines
Et qu’il vaut mieux briser son cœur que le fermer.
Émile Augier.


TON SOURIRE ET TON BAISER


Ta parole est comme un bruit de source, un soupir
Qu’entend le voyageur dans la forêt immense,
Quand, torturé de soif, épuisé de souffrance,
Il va tomber au pied d’un arbre, pour mourir.

Est-ce un dernier mirage avant de succomber ?
Il écoute, éperdu, la chanson de la vie,
Et comme lui, j’entends, sur mon âme ravie,
Tes paroles d’amour, goutte à goutte tomber !

Le regard de tes yeux est le tiède baiser
Que le soleil d’avril donne à toutes les roses ;
Au jardin de mon cœur toutes fleurs sont écloses,
Le regard de tes yeux est venu s’y poser.

Tes lèvres sont la coupe où je buvais ton sang
Et je n’ai désormais voulu d’autre breuvage,
Il a rendu mon cœur amoureux et sauvage,
Il a rendu mon corps invincible et puissant !

Et je suis bien semblable à ce lutteur géant,
Terrible fils d’un dieu qui féconda la Terre,
Qui n’était vigoureux qu’au contact de sa mère
Et, privé d’elle, était plus faible qu’un enfant.