Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA DUCHESSE DE BOURGOGNE
ET
L’ALLIANCE SAVOYARDE

LE LENDEMAIN DE LA MORT[1]


I

Nous avons laissé le Duc et la Duchesse de Bourgogne sur leur lit de mort. Il nous reste à les conduire jusqu’à leur dernière demeure.

Soit que la fin si rapide du Duc de Bourgogne eût surpris ceux qui l’entouraient, soit que l’étiquette ne permît à aucun d’entre eux de troubler le sommeil du Roi, Louis XIV n’avait point été appelé au chevet de son petit-fils expirant. Personne n’osa même, à son réveil, lui apprendre, en termes exprès, la fatale nouvelle. « Ce fut, dit Sourches, à la tristesse qu’il vit peinte sur le visage de tout le monde qu’il devina la mort de M. le Dauphin[2]. » Sa douleur fut grande. Il embrassa tendrement et à plusieurs reprises le duc de Berry en lui disant : « Je n’ai donc plus que vous. » Comme le salon par lequel il fallait passer pour se rendre à la chambre où reposait la dépouille du Duc de Bourgogne était commun avec l’appartement du Roi, on crut que, pour éviter ce triste voisinage, il allait quitter Marly et se rendre à Trianon. Mais il se borna à changer d’appartement

  1. Voyez la Revue du 15 juin 1907.
  2. Sourches, t. XIII, p. 301.