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Le duc d’Orléans ne voulut point rester sous le coup de ces accusations. Il prit un parti que blâme Saint-Simon, mais qui ne nous paraît point sans courage. Il alla trouver le Roi. Il lui demanda de prescrire l’ouverture d’une information dans les formes et de permettre que, dès à présent, il se remît de lui-même à la Bastille. Il demandait en outre qu’on fît arrêter Homberg et tous ceux de ses gens que le Roi jugerait à propos, jusqu’à ce que le mystère fût éclairci. Le Roi refusa, du moins en ce qui concernait le duc d’Orléans. Il avait d’abord refusé, même pour Homberg. Par ses instances, le duc d’Orléans obtint cependant non pas qu’Homberg fût arrêté, mais qu’il fût reçu à la Bastille s’il s’y remettait volontairement. Dès le lendemain, le Roi revint sur cet ordre. Mareschal, qu’il avait reçu quelques instans après le duc d’Orléans, lui avait fait sentir avec force, dans un discours éloquent, le fâcheux effet de cette procédure. Le Roi en informa le duc d’Orléans, et, pour bien montrer qu’il entendait qu’aucune suite ne fût donnée à l’affaire, il fit brûler les procès-verbaux d’autopsie. Ainsi avait-il fait, quelque trente années auparavant, lorsqu’il avait mis un terme à la procédure entamée par La Reynie devant la Chambre ardente. Serait-ce qu’il aurait cru à la culpabilité de son neveu, et qu’il aurait voulu en détruire les traces ? Cela paraît peu probable. Saint-Simon dit bien qu’il avait reçu le duc d’Orléans avec sécheresse, mais, suivant Madame, qui se lamente dans ses lettres de l’accusation portée contre son fils, il l’aurait au contraire reçu avec beaucoup de bonté et lui aurait « donné l’assurance qu’il n’en croyait rien[1]. » Deux années plus tard, au moment de la mort du duc de Berry qui donna lieu, contre le duc d’Orléans, aux mêmes accusations, il

  1. Correspondance de Madame. Traduction Jæglé, t. II, p. 167-168.