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Alst un auxiliaire chaleureusement convaincu. Dans une lettre du 28 février 1864, l’organisateur des associations agraires de Westphalie expliquait tout ce qu’il espérait des réunions de Soest. Il voulait qu’on portât remède à la confusion d’esprit où se trouvaient les catholiques ; il demandait qu’un échange de vues sur les questions fondamentales les préparât à la fixation de certains points doctrinaux que méditeraient toutes les intelligences, que défendraient tous les bons vouloirs. Autour d’eux, les autres partis lui semblaient courir au suicider ; à eux de s’organiser en prenant nettement conscience de ce qu’ils étaient et de ce qu’ils voulaient. Ils s’étaient fait honneur, en 1848, par les déploiemens tactiques qu’ils avaient improvisés ; ils avaient ensuite, par de brillans manèges diplomatiques, lutté pied à pied, dans les couloirs des Parlemens et dans les antichambres des ministères, pour accroître ou défendre les libertés conquises ; mais ce qui leur manquait, comme l’expliquaient Hüffer et Mallinckrodt dans un rapport du 16 avril 1864, c’étaient des idées nettes sur les grands problèmes politiques. Ils les voyaient, ces problèmes, et ils avaient des principes chrétiens à la lumière desquels ils pouvaient les résoudre : un effort d’observation, puis d’adaptation, et la lumière serait. On étudia tour à tour, dans les réunions de 1864, la question du Holstein, qui passionnait l’Allemagne d’alors, les questions d’organisation communale, et la rédaction d’un programme, dont Mallinckrodt fut chargé. Son projet, tel qu’il le développa au mois de septembre, pouvait se ramener à deux formules : revendication de la parité sur tous les terrains ; reconstruction organique de la société.

Que l’Ouest fût traité comme l’Est, les gens du Rhin comme ceux de la Vieille Prusse ; que les fidèles du Pape fussent traités comme ceux de Luther, que l’égalité des droits et des prérogatives ne fût pas seulement proclamée, mais réalisée, et non pas seulement théorique, mais effective ; que l’État couvrît d’une impartiale protection tous les groupemens sociaux dont il était comme la synthèse ; que tous les États allemands, enfin, les petits comme les grands, fussent également autonomes, également maîtres chez eux, à la faveur d’un équitable fédéralisme, telles étaient, pour Mallinckrodt, les conséquences de l’idée de parité. Mais cette idée même serait d’autant plus respectée, que les divers groupemens entre lesquels elle devait maintenir l’équilibre acquerraient plus de cohésion, plus de force, plus de vie.