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C’est dans cet hôtel qu’il devait mourir treize ans plus tard. Et comme si ce n’eut pas été assez de toutes ces infortunes, les condoléances de M. L. Belmontet se traduisirent dans une ode qui se terminait ainsi :


Riche, ruiné de bienfaits,
Auteur d’un roi, fortune en montant disparue,
Il ne lui reste plus que le nom d’une rue,
De tous les bonheurs qu’il a faits.


A partir de ce moment, Laffitte tourna toute son activité vers la reconstitution de sa fortune. Et nous assistons ici à une évolution dans ses idées sur le crédit, évolution dessinée déjà en 1824, lorsqu’il publia sa brochure sur la conversion du 5 pour 100, et marquée désormais par le genre d’affaires auxquelles devait se livrer la nouvelle maison qu’il fonda, et dont nous parlerons plus loin.


II

Revenons en arrière pour examiner les idées et les opinions de Laffitte en matière de finances publiques. Nous avons indiqué, dans la première partie de cette étude, à quelle école il s’était formé comme banquier, et comment il avait continué Perregaux, tout en étendant les affaires de la maison sans en modifier beaucoup le cadre. On pouvait donc déjà prévoir, avant son entrée dans la politique, quels seraient et son état d’esprit et sa méthode en matière de finances publiques. Il se déclara dès ses débuts à la Chambre, où l’avaient envoyé les électeurs parisiens, au commencement de 1817, partisan résolu de la sincérité absolue des évaluations de dépenses et demanda d’accroître encore plus les mesures prudentes en vue de préparer l’emprunt inévitable auquel on allait recourir. Son discours du 7 février 1817, le premier qu’il prononça, ne contient pas tant une critique profonde des moyens budgétaires réclamés par Corvetto, alors ministre des Finances, qu’un exposé de la méthode qu’il considérait comme la meilleure pour faire au crédit, en donnant des gages certains d’une bonne administration des deniers de l’État, un appel efficace et avantageux. A l’aphorisme du baron Louis qui demandait qu’on lui fît de bonne politique pour lui