Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au moins quinze jours. Vous pourriez amener autant de cavaliers, de dames, de bonnes, etc., etc. que vous voudriez. Je serais trop heureuse et trop fière de vous avoir sous mon propre toit


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 19 septembre 1837. 11 h. 20 minutes.

Mon bien cher et bien-aimé oncle,

Une ligne pour vous exprimer imparfaitement tous mes remerciemens pour vos grandes bontés envers moi, et le profond, profond chagrin, que me cause votre départ. Dieu sait à quel point je me sens triste et désolée ! Combien vous allez me manquer, mon cher oncle, partout, partout ! Combien votre conversation me manquera ! Combien mon protecteur me manquera, quand je sortirai à cheval ! Oh ! je me sens très, très triste, et ne puis parler de vous deux sans pleurer !

Adieu, mon oncle, mon père bien-aimé ! Que le ciel vous bénisse et vous protège, et n’oubliez pas l’affection, le dévouement, l’attachement profond de votre nièce et enfant.


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Trianon, 19 octobre 1837.

Ma bien chère Victoria,

… On est très disposé ici à être dans les meilleurs termes possibles avec l’Angleterre. Il est arrivé trop souvent que les agens diplomatiques des deux pays ont suivi, ou ont été accusés de suivre des lignes différentes. J’ai spécialement recommandé au comte Molé[1] de donner des instructions fermes et nettes à ses gens, particulièrement à Madrid, à Lisbonne et à Athènes… Il va les lire à lord Granville, et communiquer également, autant que possible, toutes les dépêches des diplomates français au gouvernement anglais. Ceci sera une preuve de confiance, et, en plus, aura l’avantage de fournir souvent des renseignemens utiles, et permettra au gouvernement anglais d’entendre deux opinions au lieu d’une seule. Il est indéniable que l’idée que les

  1. Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères.