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II

Quelques mois suffirent à le faire connaître, apprécier, aimer dans la contrée. L’aménité de son caractère, son obligeance, son inépuisable charité et celle de Mme Clément de Ris, toujours à l’affût des misères à soulager, des peines à consoler, lui attirèrent une confiance à laquelle s’ajouta la notoriété, quand on le vit se faire, auprès des esprits moins éclairés, l’initiateur des idées nouvelles, les instruire des événemens, leur expliquer le sens et la portée de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Cette notoriété s’accrut de celle des amis chez qui il fréquentait ou qui fréquentaient chez lui, tous gens du parti patriote, prêts à combattre toute menée tendant au l’établissement de ce que l’Assemblée avait aboli, au démembrement du pays, à la ruine de l’unité rêvée, à l’extension et à la prolongation de la guerre civile, — victimes désignées, dans le présent à la colère du parti de l’émigration, dans l’avenir à la suspicion des exaltés de leur propre parti. C’étaient, pour ne citer que les principaux, Bruley, cœur généreux, ami dévoué, que le suffrage populaire allait appeler à la mairie de Tours, puis envoyer à l’Assemblée législative ; l’ingénieur Riffault, esprit équitable et droit, futur président du Directoire du département ; Chalmel, Boucher Saint-Sauveur, Ruelle, Nioche, Pottier, Veau Delaunay, qui devaient siéger à la Convention, etc.

Bien qu’en communion d’idées avec eux, longtemps Clément de Ris se refusa à prendre un rôle actif : « Il faut voir, » répondait-il à toute proposition. Réserve prudente, mais qui ne pouvait durer indéfiniment. En 1792, il fut élu commandant de la Garde nationale du bataillon du Cher, puis Électeur du canton de Montlouis, et, dans le même temps (août), reçu membre de la Société populaire montagnarde de Tours, affiliée aux Jacobins de Paris. Le dé était jeté : il prenait position. Le résultat ne se fît pas attendre ; on lui offrit la candidature à la Convention. Il la déclina, mais ne put de même, devant le pressant appel adressé à son patriotisme, décliner l’honneur, qui menaçait d’être et qui fut une charge et un péril, de se laisser porter à l’Administration du département. Il y fut nommé par les électeurs du district de Châteaurenault, le 11 novembre, et installé le 3 décembre suivant. Ce fut, à quelques faiblesses près, la plus belle époque de sa vie