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en toute occasion. C’est un devoir dont je m’acquitterai toujours avec autant d’empressement que de plaisir. »

Ne dirait-on pas d’un avocat plaidant la cause de son client ? On sent, dans les paroles de Clément de Ris, tout à la fois le désir d’aider à l’élargissement du détenu ; l’attention à exprimer ses sentimens en des termes flattant la vanité de l’homme ; et qui sait ? peut-être la préoccupation des indiscrétions que Toupiolle pourrait commettre sur ce qu’il avait vu ou entendu au temps, où, geôlier plein de complaisances, il conduisait ses prisonniers de Tours à Paris.

Quoi qu’il en soit, le plaidoyer produisit son effet : Toupiolle fut remis en liberté, mais non sans longues formalités administratives, car l’affaire traîna jusqu’au 7 thermidor. Dès le lendemain, Toupiolle remercia Clément de Ris dans une lettre où sa vanité éclate dans tout son jour, et, avec elle, d’autres petits travers. Ici, nous entrons en pleine comédie.

« Citoyen, vous ne m’imputerez pas, sans doute, l’ingratitude ni la négligence d’avoir différé jusqu’à ce moment de répondre à votre obligeante lettre du 24 prairial dernier, et de vous informer des suites de mes désastres. J’attendais, comme vous devez le penser, avec la plus vive impatience, le moment où je pourrais vous en annoncer la fin. Ils ont donc cessé hier seulement, que j’ai obtenu du Comité de sûreté générale ma mise en liberté définitive et mon réarmement.

« Par un empressement que j’ai fort blâmé, je n’ai pu prendre lecture du certificat que vous m’avez adressé. Mais je sais qu’il était conçu en termes si délicats, si remplis de sensibilité, que l’effet en a été le plus heureux. Recevez, citoyen, mes sincères remerciemens de l’intérêt que vous avez pris à moi. Le souvenir en est gravé dans mon âme en traits ineffaçables. Votre témoignage et celui de quelques autres personnes à qui j’ai pu être utile, ont produit, sur ceux de mes concitoyens chargés d’examiner ma conduite, une impression profonde ; les détails précieux dans lesquels vous êtes entré pour faire partager vos sentimens ont attendri jusqu’aux larmes. Je me plais à vous le dire. C’est une récompense digne de vous. Quant à moi, je ferai l’impossible pour me procurer une copie du certificat ; qu’il me sera doux de l’arroser de celles de la reconnaissance (sic).

« La lettre que vous aviez écrite au citoyen Ysabeau[1], votre

  1. Représentant du département d’Indre-et-Loire.