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préoccupation a été, tout en désirant la fin d’une guerre ruineuse, de n’agir que de concert avec le gouvernement de Votre Majesté. Certes, je conçois bien qu’il ait été désirable d’obtenir encore de meilleurs résultats, mais était-ce raisonnable d’en attendre de la manière dont la guerre avait été engagée ? J’avoue que je ne le crois pas. La guerre avait été trop lentement conduite par nos amiraux et nos généraux, et nous avions laissé le temps aux Musses de se rendre presque inexpugnables à Cronstadt comme en Crimée. Je crois donc que nous aurions payé trop chèrement sous tous les rapports les avantages que nous eussions pu obtenir. Je suis, pour cette raison, heureux de la paix, mais je suis heureux surtout que notre Alliance sorte intacte des conférences et qu’elle se montre à l’Europe aussi solide que le premier jour de notre union. Je prie le prince Albert de ne pas être jaloux de cette expression…

Je prie Votre Majesté de me rappeler au souvenir du prince Albert et de recevoir avec bonté l’assurance des sentimens de respectueuse amitié avec lesquels je suis, de Votre Majesté, le dévoué frère et ami.


L’empereur des Français à la reine Victoria.


Sans date, décembre 1858.

Madame et très chère sœur,

Le prince Frédéric-Guillaume m’a remis la lettre que Votre Majesté a bien voulu lui donner pour moi. Les expressions si amicales employées par Votre Majesté m’ont vivement touché, et quoique je fusse persuadé que la diversité d’opinion de nos deux gouvernemens ne pouvait en rien altérer vos sentimens à mon égard, j’ai été heureux d’en recevoir la douce confirmation. Le prince de Prusse nous a beaucoup plu et je ne doute pas qu’il ne fasse le bonheur de la Princesse Royale, car il me semble avoir toutes les qualités de son âge et de son rang. Nous avons tâché de lui rendre le séjour de Paris aussi agréable que possible, mais je crois que ses pensées étaient toujours à Osborne ou à Windsor.

Il me tarde bien que toutes les discussions relatives au Traité de Paix aient un terme, car les partis en France en profitent pour tenter d’affaiblir l’intimité de l’alliance. Je ne doute pas