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aujourd’hui pour directeur un Français. La Dette occupe une armée qui était déjà de 7 000 employés avant que la majoration de 3 pour 100 des droits de douane ajoutât ce service à tous ceux qui sont déjà dans sa dépendance ou sous son contrôle. C’est surtout grâce au gouvernement et aux banquiers français que la dette ottomane a pu être unifiée à 4 pour 100, et que les finances de l’Empire et son crédit sont restaurés. La plupart des emprunts de l’Etat ont été émis et souscrits en France. La Banque ottomane, rouage essentiel de la vie économique de la Turquie, est une institution franco-anglaise dont presque toutes les actions sont aujourd’hui entre des mains françaises et dont le directeur est et ne saurait manquer de rester un Français. Elle participe à presque toutes les bonnes affaires qui se créent dans l’Empire ; elle est le principal instrument de la mise en valeur de ses richesses, et son activité ne peut que s’accroître. Il faudrait de longues pages pour relater toutes les affaires entreprises par des Français ou dans lesquelles ils ont une participation. Le réseau de Smyrne-Cassaba et prolongemens, celui de Jaffa à Jérusalem, les lignes de Syrie (Damas-Hamah-Hauran et prolongemens), la ligne de Jonction-Salonique-Constantinople, sont des entreprises françaises ; français, les quais de Smyrne, de Beyrouth, de Salonique, de Constantinople ; française, l’administration des Phares de l’Empire ottoman, organisée par Michel-pacha, la Société des Eaux de Constantinople, la régie des tabacs. MM. Verney et Dambman ont décrit avec précision et détails toute l’activité française dans le Levant, il suffit de nous référer à leur excellent ouvrage[1]. Citer toutes les affaires françaises ne suffirait même pas à donner une idée de la part de nos capitaux dans la mise en valeur économique de l’Empire ottoman, car beaucoup d’affaires, qui ne sont pas classées comme françaises, ont, directement ou indirectement, des Français comme bailleurs de fonds, comme ingénieurs, directeurs, administrateurs, etc.

Le Temps, dans une étude très sérieuse, évaluait récemment les intérêts français dans l’Empire ottoman à près de 2 milliards de francs (1 942 508 000) et les intérêts allemands à 610 millions seulement. Nos échanges avec la Turquie, si acharnées et si bien outillées que soient les concurrences, s’accroissent lentement,

  1. Les Puissances étrangères dans le Levant, Lyon, A. Rey, et Paris, Guillaumin, 1900, 1 vol. in-4o.