Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 7 juillet 1846.

Mon très cher oncle.

J’ai à vous remercier pour votre aimable lettre. Elle arriva hier, au cours d’une journée bien pénible pour moi. J’avais à me séparer de sir Robert Peel et de lord Aberdeen : ce sont des pertes irréparables pour nous et le pays. Ils étaient tous deux tellement émus, que j’en fus bouleversée. Nous avons là deux amis dévoués. Nous nous sentions tellement en sécurité avec eux ! Jamais, pendant les cinq années qu’ils passèrent avec moi, ils ne me proposèrent une nomination ou une réforme, qui fût simplement utile pour leur parti ; [mais ils se préoccupaient toujours] de ce qui valait le mieux pour moi et pour le pays. Le contraste maintenant est si saisissant ! Il y a beaucoup moins de respect et beaucoup moins de sentimens élevés et purs. D’ailleurs, l’élévation morale de Peel est, je crois, sans exemple

Je ne saurais vous dire combien je suis triste d’avoir perdu lord Aberdeen : vous ne pouvez pas vous imaginer quel charmant compagnon il était ; je suis navrée à la pensée de ne plus jouir de ses relations pendant nos voyages, etc., etc.


La reine Victoria au roi des Belges.


Osborne, 14 juillet 1846.

Mon très cher oncle,

… Je crois que la visite du roi des Français est — maintenant — plus que jamais désirable ; car, s’il hésitait à venir, cela prouverait au monde que le nouveau gouvernement est hostile, et que l’entente cordiale est compromise. Veuillez pénétrer le Roi de ceci, et lui dire que j’espère et demande qu’il laisse les chers Nemours nous faire une petite visite en novembre. Cela produirait le meilleur effet, et serait très agréable, car nous sommes si tristes en hiver, lorsque nous sommes réduits à nous-mêmes, J’espère que dans l’avenir, quand le Roi et la famille royale seront à Eu, quelques-uns d’entre eux viendront fréquemment nous voir ici. Ce serait si gentil, et nous sommes si près.

Adieu, très cher oncle. J’espère que je n’aurai plus à vous